YETI – The Legend Of Yeti Gonzales

Parfait pour l'été

(Get Up & Go 2008)

Les fans des Libertines les plus indécrottables connaissaient déjà Yume!, compilation des premiers morceaux (singles et faces B) de Yeti parue uniquement au Japon. Quatre ans après la dissolution des Libertines, le grand public découvre enfin en 2008 le groupe du discret bassiste John Hassal grâce à ce The Legend Of Yeti Gonzales de toute beauté.

Passons rapidement sur tous les problèmes connus par le groupe depuis 2005 (délais à répétition, départs de certains membres, accident grave qui faillit coûter la vie au batteur…) et concentrons-nous sur la seule chose qui importe ici : la musique. Hassall et sa troupe aiment les Byrds, le Dylan période John Wesley Harding et le country-folk du début des années soixante-dix, et cela s’entend. Un peu à la manière de Songs For The Deaf des Queens Of The Stone Age, The Legend Of Yeti Gonzales est conçu comme un zapping radio. Chez Josh Homme, l’action se situait du côté de la frontière américo-mexicaine ; comme l’indique le clip de “Don’t Go Back To The One You Love”, l’action chez Yeti se situe dans une Mustang avec laquelle on trace la route pour rallier l’ouest, au milieu des étendues désertiques et sous un soleil de plomb, avec l’autoradio pour seul compagnon.

John Hassall prouve ici qu’il n’a rien à envier à ses ex-comparses en termes d’écriture. Le plus silencieux des Libertines est à son ancien groupe ce que George Harrison était au Beatles : un quiet one au costume de faire-valoir trop étroit pour lui. John Hassall a la bonne idée de se démarquer totalement du style garage-punk des Libertines. A l’inverse de Barât et Doherty, ses productions ne peuvent ainsi être comparées aux productions précédentes du groupe (même si on trouvera toujours quelqu’un pour dire “je préfère les Libertines”) d’autant qu’il ne porte pas sur ses épaules l’héritage du groupe autant que ses deux ex-comparses. 

A l’instar de ces derniers, Hassall s’est trouvé plusieurs partenaires d’écriture pour lancer son groupe. La botte secrète de Yeti s’appelle Mark Underwood, qui écrit et chante plusieurs des morceaux ici, notamment la douce mélodie de “Till The Weekend Comes” et la ballade folk “The Last Time That You Go”. Le guitariste Andrew Deian Cannes, qui illumine l’album de son jeu West Coast, propose aussi quelques morceaux mémorables, dont le spectaculaire “Don’t Go Back To The One You Love”, une sorte de “Born To Be Wild” folk-rock qui commence comme du rock apache à la Redbone avant de partir dans un plaisant délire mariachi pour chatouiller la barre des 6 minutes.

Hassall, déjà relégué à la basse après le départ de Brendan Kersey en 2007, se trouve ainsi entouré de deux talents qui le poussent à élever son niveau. Etant plutôt amateur des mélodies soyeuses des groupes anglais des années 60, ses morceaux se placent dans la lignée directe des morceaux pop des Beatles et autres Kinks. On le remarque dès l’ouverture de l’album sur “Obviously” aux contours Rubber Soul, puis avec légèreté dans la ballade lennonienne “Jermyn Girls” et surtout cette superbe “Sister Sister”, effarante de facilité… qui date de 1999, en témoignent Legs 11, les premières démos des Libertines, où on entend déjà Hassall la chanter. Augmentée de chœurs à trois voix aux racines Zombies / Beatles, ce morceau prend une patine sixties que les amateurs de pop anglaise de l’époque apprécieront.

Si on s’étonne de l’absence du single folk-rock survitaminé sorti en 2005 “Keep On Pushin’ On”, il est à noter que The Legend Of Yeti Gonzales contient de nombreux morceaux déjà connus par les fans de Yeti, souvent présents sur Yume!. On retrouve sans surprise le single “Never Lose Your Sense Of Wonder” à la mélodie doucereuse, la magnifique et entêtante “In Like With You”, le jazz claque-doigts de “Midnight Flight” et surtout l’immense “Merry Go-Round”, qu’il ne faut pas confondre avec la chanson du même nom écrite par Pete Doherty (et présente sur Down In Albion), celle de Hassall étant infiniment meilleure.

Arrivé après presque quatre ans d’attente, le premier album de Yeti délivre plus qu’on n’osait l’espérer. The Legend Of Yeti Gonzales est album équilibré qui sait gérer ses temps forts et possède un côté feel good (cf. l’amusante “Shane McGowan”), parfait pour l’été sur les routes, dans les grands espaces, ou pour laisser son esprit s’évader si on a le cul vissé au bureau. Yeti sont des artisans à l’ancienne, leur musique est avant tout une histoire de mélodies chantées avec cœur, d’arrangements psyché soft et d’ambiances ensoleillées. Plus proches des Libertines de 1999 que de ceux de 2002, plus proches de The Coral que des Strokes, Yeti possèdent un savoir-faire admirable. Si l’humeur vous en dit et que vous vous sentez lyrique en ce mois de juillet, vous trouverez leur musique magnifique comme un coucher de soleil en plein été californien.

 

 

Tracklisting :

1. Obviously
2. Don’t Go Back To The One You Love  *
3. Till The Weekend Comes
4. Merry Go Round  *
5. In Like With You  *
6. Shane McGowan
7. Midnight Flight
8. Jermyn Girls
9. Never Lose Your Sense Of Wonder  *
10. Reprise,
11. Cant Pretend
12. Sister Sister  *
13. The Last Time You Go
14. Who Is Gonzales? 

NB : le morceau caché à la fin de “Who Is Gonzales” est une connerie de 3 minutes sans doute intitulée “Stay On Target Luke” chantée par le dénommé Yeti Gonzales. Elle met en scène les personnages de Star Wars et cite les dialogues les plus célèbres de la trilogie avec un humour de geek surprenant.

 

Vidéo :

“Don’t Go Back To The One You Love”

 
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3 Commentaires
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Frank
Invité
15 juillet 2008 2 h 08 min

Vraiment un bien bel album… Merci à vous d’être à l’origine de ma découverte de ce groupe que je ne connaissais pas. Il faut dire que je dois être un des rares à trouver que les Strokes et les Libertines (je préfère les Richmond Sluts et The Coral…) sont surestimés… donc j’ignorais que certains morceaux avaient vu le jour il y a quelques années…

Une pépite qui ne me quitte plus désormais, j’attends avec impatience de pouvoir me le commander en vinyle…

Merci les gars.

Thom
Invité
9 août 2008 4 h 35 min

C’est vraiment John qui chante “Sister” sur la démo des Libs ??? Merde, j’ai toujours cru que c’était Carl… la voix est quand même méconnaissable par rapport à Yeti…

Thom
Invité
11 août 2008 8 h 25 min

Oui. Je m’en suis rendu compte en réécoutant “Yume” hier, ce que je n’avais plus fait depuis un bail. S’envoyer les deux versions de “Never lose” à la file donne vraiment l’impression que :

– le groupe a changé de chanteur

ou que :

– Hassal a fait des progrés vocaux monstrueux en quelques mois…

A voir…

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