(Regal 2006)
Babyshambles reviennent enfin avec autre chose que des nouvelles d’arrestations policières ou de futilités people (bon, si en fait mais on n’y reviendra pas ici). Première collaboration avec le label Regal, The Blinding est un EP de cinq chansons en préambule à un nouvel album. Après leur excellent single caritatif dans lequel ils reprenaient “Jamie Jones” des Clash, les acolytes de Pete Doherty semblent repartis sur de bons rails.
Les morceaux ne sont pas de toute première fraîcheur – ça fait des mois, voire même des années qu’on connaît “Love You But You’re Green” et “Beg, Steal And Borrow”. La première est jouée par un groupe compétent mais sans passion. Il ne se passe rien durant cette chanson qui est loin d’être la meilleure de son auteur, et on en vient à la conclusion paradoxale de se dire que si Mick Jones l’avait produite, son côté bancal l’aurait au moins rendue intéressante. “Beg, Steal And Borrow” a, elle, eu un traitement digne de sa valeur. L’enregistrement est clair, précis, le groupe compact. Enfin une bonne démo de Doherty qui ne pâtit pas du passage en studio.
Les nouveaux morceaux sont intéressants : “I Wish” est un ska dansant très coloré, avec trompettes, grosse ligne de basse bondissante. Assez incongru mais très frais. La mélodie rappelle celle de “The Man Who Came To Stay” au point qu’on se demande par moment si Doherty n’a pas simplement adaptée cette dernière en ska. L’interview du NME de cet été dans laquelle Doherty annonçait son désir de faire du ska n’était donc pas une connerie. On trouve ça gentil mais on espère franchement que l’expérience va s’arrêter là. On n’a pas envie de voir Babyshambles devenir un groupe festif pouet-pouet.
“Sedative” est une ballade en mode mineur au refrain chanté en choeur. Le descente d’accords sur laquelle se base la chanson est imagnifique. Doherty pose sa voix lancinante qui erre dans les couplets avant de prendre une grande respiration et de chanter un refrain collectif fédérateur. On l’imagine déjà en train de la chanter dans un bar avec des fans en transe… On se rend compte à l’écoute de ce morceau que Babyshambles n’est plus un groupe punk.
La chanson-titre quant à elle est la meilleure du lot. Un vrai morceau de rock’n’roll ou chaque accord est un coup de marteau porté à une enclume. Le jeu du batteur est un régal dans ce morceau aux couleurs sixties qui n’est pas sans évoquer “Campaign Of Hate” des Libertines. On lui trouve un je-ne-sais-quoi du Gainsbourg période anglaise (“Requiem Pour Un Con”, “En Melody”) ou même des Beatles période Abbey Road (on pense à “I Want You”). “The Blinding” recèle de ces petits riens qui transforment des chansons ordinaires en classiques : des contre-mélodies inspirées, un solo de guitare sur lequel se greffe un cri qui rappelle “Careful With That Axe Eugene” de Pink Floyd, un passage chanté au mégaphone au milieu d’un maelström de guitare… la production – faite par le groupe lui-même – est excellente, bien loin du bordel désorganisé de Mick Jones.
Babyshambles semblent aujourd’hui être un groupe plus soudé que jamais. Débarassé du guitariste dissonant Patrick Walden, le groupe sonne moins crade mais plus structuré. En fait, le groupe rappelle énormément les Libertines de l’album The Libertines, sans les morceaux punk. La rythmique, tenue par les fidèles Adam Ficek et Drew McConnell, est plus soudée que jamais après des mois de concerts dans les pire conditions (quand Doherty est seul guitariste sur scène, un concert de Babyshambles se transforme souvent en drum & bass). L’avenir du groupe du côté musical est plutôt encourageant. reste à savoir maintenant si Pete Doherty va arrêter les conneries et passer 2007 hors de prison.
Tracklisting :
1. Blinding *
2. Love You But You’re Green
3. I Wish
4. Beg Steal Or Borrow *
5. Sedative
Vidéo :
“The Blinding”
Vinyle :
S’il ne contient que 5 morceaux, l’EP est néanmoins sorti en format 12 pouces.