(Modular 2006)
Repérés l’an dernier grâce a un EP produit par Jim Diamond, maître incontesté du son garage de Detroit, le trio australien de Wolfmother a vu les choses en grand pour son premier album studio aux fragrances de Led Zeppelin et Black Sabbath. Cédant à la démesure de compositions crées autour de riffs gigantesques le groupe s’en est allé enregistrer à Los Angeles avec Dave Sardy, producteur à la mode en ce moment (Jet, le dernier Oasis), gonfleur de son au style aux antipodes de l’efficacité crue et crade du premier EP.
Le résultat est sans compromission : du début à la fin ça claque, et plutôt fort. De tous les revivals existant de puis le fameux retour du rock, seul le blues garage des White Stripes avait flirté avec le son heavy-metal des années 70. Wolfmother comble ce manque avec un album percutant et sévèrement burné. L’impression de puissance dégagée par ce power trio est incroyable. Fruit d’une session imaginaire entre Deep Purple et Radio Birdman cet extravagant riff-o-rama de cinquante minutes envoie tous les compteurs dans le rouge et réconcilie avec un genre risible qui, dépecé de ses poncifs lourdingues – pas de solo tape-à-l’œil ici, pas de léotard rayé, de cheveux démesurément longs ni de cliché Spinal Tap –, retrouve une seconde jeunesse inespérée.
“Colossal”, morceau inaugural de l’album1 envoie pourtant un mauvais pressentiment à la première écoute avec sa rythmique gros cul et le hurlement à la Plant du chanteur Andrew Stockdale. Impression vite oubliée dès “Woman” et son riff zeppelinien (d’autres suivront tel “Dimension” et surtout “Witchcraft” qui s’achève en pastiche de Jethro Tull). Le heavy-metal de Wolfmother est, au fond, assez proche de celui des Datsuns pour son côté riff-gras-joué-au-taquet (“Joker And The Thief” en est l’exemple) mais se révèle plus élaboré, plus ambitieux. Si “Pyramid” est un morceau stoner psychédélique dans la lignée du Blue Cheer de “Vincebus Eruptus”, on reste bouche-bée devant l’extraordinaire punk-rock d'”Apple Tree” qui se transforme en jam cosmique gorgée de fuzz au milieu du morceau. Il semble bien d’ailleurs que le trio prenne un plaisir fou à élaborer des structures complexes et des chansons à rebondissement comme les ballades “Where The Eagles Have Been” et “Mind’s Eye” toute deux frappées par la foudre à mi-morceau. Cette dernière commence comme une ballade FM genre Starsailor, puis penche du côté des Guns & Roses (brrr…) avant d’accélérer subitement, menée par un piano tournoyant et une avalanche de guitares tellement jusqu’au-boutiste qu’elle peut déclencher l’hilarité la première fois…
Il est difficile de ne pas tomber dans certains clichés quand on pratique ce genre de musique, et hormis un ou deux faux pas légers – la ballade au titre affligeant “Tales From The Forest Of Gnomes”, des paroles ineptes et une pochette hideuse quoique de circonstance – Wolfmother relève le défi de nous réconcilier avec le hard-rock à papa (c’était pas gagné…). Doté d’un batteur exceptionnel qui cogne un gros groove rock’n’roll comme on n’en entend plus trop en ces temps robotiques, Wolfmother vient de jeter un gros pavé dans la mare rock’n’roll avec cet album qui parvient même à faire danser. De quoi vous donner envie de piocher dans les vieux Deep Purple du paternel… et de les ranger à leur place en jurant de ne plus jamais y toucher.
Tracklisting :
1. Dimension *
2. White unicorn *
3. Woman *
4. Where eagles have been
5. Apple tree *
6. Joker & the thief *
7. Colossal
8. Mind’s eye *
9. Pyramid *
10. Witchcraft
11. Tales
12. Love train
13. Vagabond
L’album est sur Deezer : www.deezer.com/fr/#music/wolfmother/wolfmother-126294
Vidéos :
“Dimension”
Vinyle :
1 Le tracklisting de l’album diffère selon les pays.