(Wohnzimmer / SoundFlat ; 2006)
Premier LP – et unique à ce jour[1] – d’un groupe autrichien, cet album présente quinze pistes qui n’ont rien à envier à celles des meilleurs groupes de garage-rock actuel.
Sous cette appellation déjà trop souvent employée, on considèrera ici la musique produite par des artistes aussi différents que Black Lips, King Khan, Revellions ou Urges (même si pour ces deux derniers, la notion de « différence » n’est pas évidente). Comme tous ces groupes, les Staggers connaissent leurs principes garage et beat des années soixante sur le bout des doigts, et livrent un parfait disque de rock’n’roll, sans prétention démesurée, mais absolument impeccable.
Traumatisés par les Rolling Stones, Kinks, Them, Who et la foule des artistes anonymes qui les ont suivis un peu partout dans le monde, les Staggers montrent un goût certain au moment de rendre hommage à leurs influences. « Little Boy Blue » peut ainsi être considérée comme une référence double aux Rolling Stones et à B.B. King, « Black Hearse Cadillac » démarre sur une ouverture digne de Chuck Berry, et « I’m the Wolfman » renvoie l’auditeur à toute la scène Rhythm’n’Blues de Chicago en général, et à Howlin’ Wolf en particulier. Ce disque regorge d’influences subalternes, qui peuplent l’univers du groupe et lui donnent de la consistance à travers des titres explicites : « Eagle Surf », « Do the Ripper », « Let’s Stomp », pour autant de clins d’œil à Dick Dale, Screaming Lord Sutch, etc.
Dans ces conditions et en suivant ces nombreuses références, les Staggers jouent leur partition de façon irréprochable, en utilisant les moyens attendus : une fuzz généreuse (« Out of my mind »), des ruptures de rythme et des solos de guitare ou d’orgue efficaces (« Wild Teens »). Le son d’orgue est génial ; cet instrument a ici une importance prédominante, et sur les meilleurs morceaux du disque, il est l’élément qui fait clairement la différence, et transfigure les compositions. Le chant est lui aussi particulièrement soigné : le chanteur envoie des hurlements d’un bout à l’autre de Teenage Trash Insanity, et assume le statut impliqué par son rôle avec un enthousiasme débordant (« Be careful who you’re laughing about, ’cos I can make you twist or shout », sur « Wild Teens »). A l’image du chanteur, l’ensemble du groupe vit totalement le rock qu’il enregistre, et joue chacun des morceaux comme une expérience intense et passionnée. Ce bonheur communicatif n’empêche pas les Staggers de rendre en fin de disque un hommage au mouvement qui a façonné une bonne partie des premiers moments du rock’n’roll sixties, en jouant un Rhythm’n’Blues dans la tradition des studios Chess.
Liste des chansons :
- The Jaguar
- Be my Queen*
- Little Boy Blue
- Eagle Surf
- Little Girl
- Out of my mind
- Do the Ripper*
- Come On
- Black Hearse Cadillac*
- Let’s Stomp
- Without you
- Wild Teens*
- I’m the Wolfman
Vidéos :
“Wild Teens”
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p style=”text-align: justify;”>[1] Le second album des Staggers est annoncé pour le printemps prochain…