(Sacred Bones Records 2010)
Après avoir publié en début d’année Squeeze the Giant (un double 45 tours), le label Sacred Bones Records vient de sortir le premier album de Timmy’s Organism, le dernier projet en date de Tim Lampinen, membre principal des Clone Defects, puis de Human Eye). Depuis une dizaine d’années, Lampinen s’est bâti une discographie impressionnante, dont l’intégrisme rock’n’roll intransigeant ne s’est jamais démenti. Fort heureusement, ce disque ne déroge pas à la règle, et trouvera une place de choix dans la liste des disques indispensables de cette année.
Le début d’album se situe dans la lignée des derniers morceaux composés et enregistrés par Tim Lampinen : les deux premières pistes « Ugly Dream » et « Pretty Stare » voient se déployer les mêmes composantes que d’habitude, pour le même résultat, un déluge sonore, bruitiste et sauvage. L’introduction de l’album est prodigieuse : quelques secondes d’une rythmique brutale, rejointe par un riff de guitare plus primaire que jamais, avant l’arrivée au chant de Lampinen, qui hurle avec une urgence douloureuse : dès ses premières mesures, « Ugly Dream » s’impose avec une rare évidence comme un grand morceau, avec une rupture de rythme étonnante et un final mémorable.
Rise of the Green Gorilla est un disque qui voit Tim Lampinen livrer quelques morceaux de rock’n’roll dérangé (ce qui n’est pas une surprise), mais également d’autres pistes nettement plus surprenantes de la part de l’auteur de « Low Fashion Lovers ». Ce disque contient en effet d’étranges passages instrumentaux, dont « Building the friend-ship », une piste qui aurait pu passer pour un inoffensif interlude, sans la guitare électrique qui apparaît d’abord au second plan avant de prendre peu à peu de l’importance. Sous le vernis mélodique et anodin du clavier, la folie n’est jamais très loin.
« Give it to me baby », qui ouvre la face B, est aussi une étrangeté un chant plein d’écho, une anti-chanson par excellence, sur laquelle l’auditeur se trouve en présence d’effets sonores approximatifs et sans âge, le tout porté par une construction pour le moins surprenante. Le disque propose même une ballade (ou en tout cas, un morceau qui s’en rapproche) ; « Move to the Sun Wave », où le chant poignant de Lampinen déclame les paroles sur un fond musical improbable et minimal. Autre étrangeté, le retour de la chanson « Gorilla Garden », déjà entendue sur le dernier album de Human Eye, dans une nouvelle version qui n’a rien à envier à la précédente, et qui est caractérisé par un chant plus à l’abandon : on est plus proche de la scansion que du chant. La frappe de batterie est l’élément moteur du morceau, et se voit contesté cette place par la guitare qui tente de s’imposer à mi-parcours par un solo qui sature dans les aigus, ce qui a pour effet de survolter la batterie, qui emporte la chanson dans une bouillie sonore.
Les délires de science-fiction semblent toujours aussi importants dans l’imaginaire de Timmy Lampinen ; par conséquent, ce thème trouve une place de choix dans sa musique : « Impregnate The Martian Queen » (titre de l’année), « The Traveler », « Building the Friend-Ship », « Move to the Sun Wave », etc. Les paroles de ce disque sont par conséquent imagées. « Silver Moutain » est un morceau fantastique, minimaliste dans sa forme, et qui évoque d’angoissantes visions de combats situés dans une lointaine galaxie « We survived on marihuana and carrots, we build a tunnel inside our mountain to travel, a forcefield to protect us… When the 4th Moon collided with our planet, we were the last survivors. Blue mountains are the evil ones: they are our enemy. Here we are on Silver Mountain, waiting for lightning to strike… »
Malgré le peu de moyens qu’il utilise, Lampinen est parvenu à créer, à travers chacun des groupes, une identité sonore unique et redoutablement efficace. Ainsi, le son de guitare, et celui des percussions déclenchent en nous une réaction physique instantanée : nul besoin de chercher pour voir dans quelques-uns des morceaux de Rise of The Green Gorilla une pure évidence rock’n’roll. Niveau mélodique, pas d’inquiétude à avoir : les premières mesures de certains morceaux montrent une alchimie qui tient du magique : « Impregnate The Martian Queen », « Ugly Dream », « Silver Mountain »… Le disque s’achève sur « The Traveler », un morceau instrumental calme et mélodique, qui permet à l’album de s’achever sur une note paisible et contemplative, loin de la furie sonore par laquelle il avait débuté. Notre planète doit le savoir : Lampinen est un génie, et le premier album de Timmy’s Organism est prodigieux.
Liste des chansons :
- Ugly Dream *
- Pretty Stare
- Oafeus Clods
- Building the Friend-ship *
- Gorilla Garden pt.1
- Give it to me baby
- Impregnate the Martian Queen *
- Move to the Sun Wave *
- Silver Mountain *
- The Traveler *
Timmy’s Organism sur MySpace : www.myspace.com/timmyvlamp
Vidéo :
“Give It To Me Baby”