THE GROWLERS – Hung At Heart

De retour aux affaires…

(Everlasting 2013)

Avec environ une année de retard par rapport aux premières dates de sortie annoncées, The Growlers livrent enfin un nouvel album !

Pendant cette année, beaucoup de choses ont été écrites à propos des activités ce groupe californien : une collaboration avortée avec Dan Auerbach, des déclarations du chanteur qui se plaignait de ne pas voir son disque être publié plus rapidement, la sortie d’une cassette (Beach Goth en édition limitée à 2000 exemplaires, chez Burger Records)… Rien de très rassurant, pour un groupe dont nous attendions impatiemment les nouveaux morceaux.

Durant les douze derniers mois, quelques groupes américains se sont engouffrés dans la brèche ouverte par les Growlers et ont sorti de beaux albums. L’histoire se chargera de séparer les opportunistes bourgeois à moustache des glandeurs de génie (également à moustache). Comme l’affirmait justement Mr. Lebowski, « The bums will always lose » ; en suivant cette logique, il suffit d’attendre quelques années pour faire le bilan. Malheureusement, le temps presse, et plutôt que d’attendre 25 ans pour conseiller des disques à notre lectorat qui lui non plus, ne rajeunit pas, nous avons décidé de trancher le débat.

Dans ce (hum) nouveau style musical, joliment baptisé Beach Goth par The Growlers eux-mêmes, quelques groupes ont donc déjà sorti de beaux albums : que celles et ceux parmi vous qui auraient raté les épisodes précédents jettent un œil aux présentations des disques des Blackfeet Braves et des Allah-las que PlanetGong a récemment mis en ligne. Dès les premières mesures de la chanson « Someday », qui ouvre l’album, on pressent que l’attente n’aura pas été inutile, et que Hung at Heart va être un album réussi… On y retrouve les éléments qui ont fait des Growlers un des groupes les plus fascinants de la scène actuelle : le chant incantatoire qui prend très souvent des accents à la Jim Morrison, la musique baignant dans un écho caractéristique, les divers effets de production qui conduisent à l’ambiance délicieusement dérangée et envoûtante.

Une fois de plus, la comparaison avec The Coral s’impose d’elle-même ; non dans le style des morceaux mais dans l’approche à la musique et à la capacité d’inventivité démontrée par le groupe… La rythmique s’essaye tranquillement au reggae au milieu de « Beach Rats », peu avant que le disque ne s’achève sur un instrumental tranquille, « The Fruit is for Everyone ». En plus des excellentes chansons qui le composent, Hung at Heart regorge de petits moments de grâce qui ajoutent encore à l’admiration que nous portons au groupe : la simplicité désarmante des solos de guitare de « Someday », les claviers qui tapissent le fond sonore, la guitare acidulée et les divers effets qui donnent l’impression que l’ensemble va s’écrouler d’un instant à l’autre sur « Salt on slug », la rythmique chaloupée qui s’échappe à partir du refrain dans des territoires proches de « Ghost Riders in the Sky » sur « One Million Lovers », le solo délirant de « Burden of the Captain »… Le groupe envoie un groove plus lourd sur certains morceaux, sans jamais perdre en efficacité (par exemple sur « Use Me for Your Eggs », une autre occasion d’apprécier quelques-uns des titres de chansons les plus barrés du moment). Très souvent sur ce disque, la musique semble déséquilibrée et presque à l’abandon, mais malgré cela les morceaux parviennent toujours à faire mouche.

Les plus obtus d’entre vous l’auront probablement compris : ce disque est une très belle réussite, grâce auquel The Growlers peuvent espérer obtenir davantage de reconnaissance, à l’image de ce qui est arrivé aux Black Lips en 2011 avec la sortie d’Arabia Mountain… Hung at heart est réellement impressionnant et contient quelques très grands morceaux : « Someday », « One Million Lovers », « Living in a Memory » sont des chansons qui resteront en bonne place dans le répertoire des Growlers, au même titre que « The Graveyard’s Full », qui ouvrait de façon magistrale Hot Tropics. Souhaitons que la créativité démontrée une nouvelle fois sur cet album par Brooks Nielsen et Matt Taylor se poursuive ; le duo dominant des Growlers (assez traditionnellement, le chanteur et le guitariste) fait preuve d’un talent assez fascinant.

 

 

Liste des chansons :

  1. Someday *
  2. Naked Kids
  3. Salt on a slug
  4. One million lovers *
  5. No need for eyes
  6. Living in a memory *
  7. Pet shop eyes
  8. In between
  9. Burden of the captain *
  10. Row
  11. It’s no use
  12. Use me for your eggs
  13. Derka Blues
  14. Beach Rats
  15. The fruit is for everyone

L’album est en écoute intégrale via le bandcamp du groupe :

 

Vidéo :

“One Million Lovers”

“Salt On Slug”

 

Vinyle :

The Growlers - Hung At Heart

L’album est aussi sorti en cassette chez Burger

The Growlers - Hung At Heart

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2 Commentaires
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toni
Invité
toni
15 février 2013 3 h 06 min

Vrai.

Mais je sais pas comment vous avez fait pour ne pas mettre en avant “Naked Kids”.

J’ai écouté cette chanson environ 20 fois aujourd’hui.

Yves
Invité
Yves
19 février 2013 1 h 16 min

Visiblement le sieur Scott Montoya, le préposé à la mustang et à l’orgue (l’autre a une les paul bien vilaine au passage) a aussi une place importante dans le groupe, d’ailleurs le fait qu’il se
consacre plus à l’orgue sur cet album a un impact décisif sur la couleur du disque.
Sinon le principal défaut de ce disque, mais en chipotant, c’est qu’il a trop de titres, dont pas mal de déchets, il est peut-être un peu long vu que le format des chansons se situe entre 3 et 4
minutes.
C’est un inconvénient que n’avait pas et que ne pouvait pas avoir Hot Tropics avec ses 10 titres.

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