(1966 ; Elektra)
Deux ans avant la sortie de Forever Changes, l’un des albums les plus marquants de la décennie, le groupe emmené par Arthur Lee sortait son premier LP, qui avait été enregistré en quelques jours, à la fin du mois de janvier 1966. Love, qui comprend des noirs et des blancs, ce qui est à l’époque u n fait assez rare, est un groupe qui existe depuis peu de temps (il a d’abord porté le nom de The Grass Roots avant d’adopter celui de Love).
Ce premier album, qui sera publié au mois d’avril 1966, est clairement dominé par la personnalité et la créativité d’Arthur Lee, qui compose la plupart des morceaux. Si Love ne possède pas les mêmes qualités que Forever Changes, ni celles de l’extraordinaire face A de leur deuxième album, Da Capo, il montre cependant assez clairement un groupe au potentiel intéressant : le groupe est solide, et les compositions de Bryan McLean (le second guitariste et chanteur) sont déjà excellentes.
Dans un premier temps, le son semble caractéristique de celui de nombreux autres groupes garage de la Côte Ouest des Etats-Unis entre 1964-1966 : en atteste la reprise définitive de « My Little Red Book », appuyée par des pistes géniales comme « Can’t Explain », ou encore « Hey Joe » (elle aussi proprement jubilatoire). Les voix de Lee et de McLean s’accordent et se relaient à merveille, sans un accroc. A cause de l’ombre énorme que lui fait Forever Changes, ce disque est trop souvent considéré comme un album quasi-anecdotique, qui serait typique d’un groupe qui cherche encore sa voie. Cependant, l’excellence de quelques-uns de ses morceaux et la diversité des influences et des styles en font une incontestable réussite, et un album à redécouvrir et à réévaluer rapidement.
Love n’est pas un disque parfait, mais il en reste néanmoins très impressionnant, et contient des ballades douces-amères imparables « Mushroom Clouds », « Signed DC », auxquelles il faut ajouter « A message to Pretty » dont les paroles sont simplement géniales : « I don’t need you to help me find my way / I can make it if I just don’t see your face », et où l’harmonica revient inlassablement, toujours plus déchirant. « Gazing », « Softly to me » laissent entrevoir des influences diverses (notamment celle des Byrds, que McLean avait suivis lors de l’une de leurs premières tournées – en tant que roadie chargé du son du groupe). Love est un album important pour plusieurs raisons, et indispensable à tous ceux qui connaissent l’un des groupes les plus sous-estimés de l’histoire[1].
Liste des chansons :
- My Little Red Book * (Burt Bacharach, Hal David)
- Can’t Explain * (Lee, John Echols, J. Fleckenstein)
- A Message To Pretty * (Lee)
- My Flash on You (Lee)
- Softly To Me * (Bryan McLean)
- No Matter What You Do (Lee)
- Emotions (Lee, John Echols)
- You I’ll Be Following (Lee)
- Gazing (Lee)
- Hey Joe * (Billy Roberts)
- Signed D.C * (Lee)
- Coloured Balls Falling (Lee)
- Mushroom Clouds * (Lee, John Echols, Ken Forssi, Bryan McLean)
- And More * (Lee)
Vidéos :
Love interprète “Message To Pretty” et “My Little Red Book” à la télé US
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p style=”text-align: justify;”>[1] En France, en tout cas. Le groupe a connu un succès relativement important en Grande-Bretagne, en particulier par la sortie de Forever Changes.