(GNP Crescendo Records – 1966)
Dès le premier morceau (« I Can’t Seem To Make You Mine »), le caractère unique de la voix de Saxon apparaît de façon frappante : il n’est pas là pour faire des vocalises ; sa voix grinçante règne d’un bout à l’autre de ce disque. La chanson, qui n’aurait pu être qu’une innocente bluette, prend une dimension différente : si Elvis avait le pouvoir de transcender par sa voix les textes qu’il chantait dans les années 1950, la voix de Sky Saxon est celle de la subversion pour tous ceux qui s’intéressent au garage-rock sixties. Ses longues plaintes et ses cris divers sont des éléments indispensables à son chant, et il ne se préoccupe pas (toujours) de suivre le rythme et encore moins de chanter la note parfaite… Sur « Try To Understand », sa voix s’élance dans des cris à la fin de chacune de ses phrases « Won’t you try to understand Ooohh / Everybody needs some love Oooh / Won’t you try to understand Ohh / I’m dreamin’ of your love (etc.) ». A la fin de la chanson, un couplet – parfois seulement deux phrases – sont parlées: cette marque de fabrique est reprise sur plusieurs morceaux, et fait partie du charme du groupe, Saxon affectant un style de poseur rassérénant.
Dès ce premier disque, les influences Blues des Seeds sont évidentes (le groupe, légèrement modifié, enregistra l’année suivante A Full Spoon of Seedy Blues), et Muddy Waters avait surnommé le groupe « America’s own Rolling Stones » : sur « Nobody Spoil My Fun », fuzz, claviers et batterie entourent le chant de Saxon de façon structurée et solide, tout comme sur « It’s A Hard Life » à la ligne de basse chaloupée, et sur lequel la guitare et les claviers se partagent les solos. « Fallin’ In Love » est un de ces morceaux blues, alors que la dernière chanson, « Lose Your Mind », est un hommage évident à Bo Diddley.
Les textes, chantés avec morgue par Sky Saxon, sont aussi réjouissants que le son du groupe : sur « You can’t be trusted », il énumère les raisons pour lesquelles il ne veut plus d’une fille « You’re always a-lyin’ and foolin’ around / Showin’ yourself all over town… » Sur « Pushin’ Too Hard », probablement le morceau le plus connu du groupe, il s’adresse également à sa petite amie, avec un machisme qui rappelle le « You’re Gonna Miss Me » des Thirteen Floor Elevators, une chanson également sortie en 1966.
The Seeds propose quelques-uns des meilleurs morceaux de garage-rock sixties de tous les temps : « No Escape », mais aussi « Pushin’ Too Hard » la seule chanson des Seeds qui a réussi à entrer dans le Top 40 américain) ou encore « Evil Hoodoo », dont le jeu de guitare fuzz est un modèle du genre… « Evil Hoodoo » est le morceau le plus ambitieux du disque ; par sa longueur, mais aussi par les arrangements : les chœurs qui font un contrepoids au chant de Saxon, délibérément placé au-devant d’un maelstrom sonore ou tous les membre du groupe se déchaînent… Jan Savage (à la guitare), Rick Andridge (à la batterie), Hooper et Saxon ont enregistré ici une chanson prodigieuse, est un disque devenu incontournable.
Liste des chansons :
1. Can’t seem to make you mine *
2. No Escape *
3. Evil Hoodoo
4. Girl I want you
5. Pushin’ too hard *
6. Try to understand
7. Nobody spoil my fun
8. It’s a hard life *
9. You can’t be trusted
10. Excuse, excuse
11. Fallin’ in love
12. Lose your mind
Vidéos :
“Can’t Seem To Make You Mine”
Vinyle :