(Fantastic Plastic 2005)
Voilà un album qui s’est fait attendre… et qui a fini par sortir au moment où on ne s’en souciait plus, alors que la vague garage-rock 2001-2004 s’est évaporée au profit d’un retour odorant des années 80 et du art-punk poseur. En première ligne au début du fumeux “retour du rock” aux cotés des Libertines, Coral, Vines et autres grâce à leur rock’n’roll énervé, les Beat Up s’appelaient encore The Beatings quand une paire de singles supersoniques leur valut de nombreuses louanges (“Bad Feeling” et “Jailhouse”, singles de la semaine dans le NME) et une place de choix dans la compilation définitive de l’époque, le CD New Rock Revolution de ce même hebdo.
Leur ascension semblait irrésistible, on attendait l’album avec impatience puis… rien. Le néant total. Tout juste une brève qui tombe en 2003 pour dire que le groupe avait changé de nom pour des raisons de copyright, et ensuite plusieurs années de silence radio. En 2005, miracle, on tombe au hasard sur une coupure de presse qui annonce un album des Beat Up produit pat Kevin Shields de My Bloody Valentine. Peu de temps après arrive ce Black Rays Defence diablement rock’n’roll, blindé de morceaux sales exécutés pied au plancher. Le début de l’album est brillant : “Black Rays Defence”, “Messed Up”, “Bad Feeling” sont des bombes de 3 minutes qui se situent au croisement des Datsuns et des Dirtbombs. Du pur rock’n’roll garage de classe. Plus loin, les morceaux moins tendus possèdent une atmosphère moite, marécageuse et étouffante (“Alright”, “The Flame”). Brillant.
La deuxième partie de l’album s’avère malheureusement moins emballante – le groupe s’essouffle sur les derniers morceaux – mais peu importe, les londoniens de The Beat Up ont réussi un premier album convaincant et racé, à placer dans le haut du panier des groupes garage-rock sales.
Le problème évidemment ici demeure qu’en 2005 plus grand monde n’en avait à foutre des Beat Up (il fallait déjà savoir que les Beatings avaient changé de nom). Le public attendait plus un nouveau Franz Ferdinand qu’une bande de chevelus traumatisés par les Stooges. La sortie de l’album passa complètement inaperçue, faisant des Beat Up les perdants magnifiques de la génération White Stripes.
On ne sait pas vraiment les raisons qui causé le report de plus de 3 ans de la sortie de ce disque (perfectionnisme trop poussé? tensions au sein du groupe?) mais ce délai a presque tué les Beat Up aujourd’hui en queue de peloton. X-Ray Defence sera-t-il un jour un classique oublié? un trésor caché? Il est trop tôt pour le dire. Il y a assez de riffs gras ici pour en faire un disque de genre apprécié à défaut d’un album mythique. Le groupe n’a pas trop donné de signes de vie depuis sa parution et semble voué à l’oubli. On ne peut que s’en désoler.
Tracklisting :
1. Black Rays Defence *
2. Messed Up *
3. Alright
4. Bad Feeling *
5. The Flame
6. When I Set My Mind to Forget
7. Heartbreak
8. Detonator
9. Hum
10. Damage
Vidéos :
“Bad Feeling”
Vinyle :