(Beast / Mauvaise Foi)
Vous souvenez vous du rock de la fin des années 90 ? Vous savez, l’âge d’or d’Offspring, des Red Hot Chili Peppers et Marilyn Manson. L’ère du bermuda roi durant laquelle les amateurs de rock’n’roll se morfondaient de l’absence de groupe euphorisant vers lequel se tourner. Les groupes appréciés des critiques étaient alors Radiohead, Bjork, Massive Attack, Air, des artistes qui avaient tourné le dos à la guitare, instrument phare du 20e siècle devenu symbole de la ringardise (il faut dire que les groupes cités plus haut n’avaient pas aidé).
C’est dans ce marasme que le premier album des Richmond Sluts est arrivé sur nos platines un jour de 2000. Un disque salvateur. Trente minutes de rock’n’roll fiévreux, interprété avec une classe folle par des rejetons des New York Dolls et des Stooges. Un quatuor de musiciens qui suivait la maxime sex, drugs & rock’n’roll au pied de la lettre, brûlant sa jeunesse dans un formidable feu d’artifice de romantisme et de débauche. L’explosion en plein vol était inévitable. Dès 2002, alors que le rock’n’roll vivait un formidable revival, les Richmond Sluts n’étaient déjà plus. Le succès allait être pour les White Stripes, les Strokes et tutti quanti. Le leader Shea Roberts et le bassiste Chris B tentèrent bien de relancer l’affaire sous le nom de Big Midnight, projet stonien qui trahissait déjà que les excès avaient demandé rétribution, mais l’affaire était déjà entendue.
Durant plus d’une décennie, les fans des Richmond Sluts ont ainsi vécu dans le souvenir de ce disque miraculeux, et les musiciens ont construit chacun de leur côté une carrière dans l’ombre, loin de la scène. Leur disque, par contre, grâce au militantisme des fans (dont PlanetGong, absolument), n’a cessé de se faire connaître, au point de faire l’objet d’un culte, notamment en Europe. C’est ainsi que l’improbable se produisit, avec la reformation du groupe en 2014, puis la sortie de cet inespéré deuxième album en fin d’année 2016 sur Rock Box, le propre label du groupe. En France, c’est chez Beast et Mauvaise Foi (auquel PlanetGong participe) que le disque est sorti, ce qui nous rend heureux et fier, d’autant que le disque est excellent.
Bien sûr, les Sluts d’aujourd’hui ne sont plus les chiens fous de leurs débuts mais ils ont encore de belles histoires à raconter et du talent à revendre. Désormais quintet, avec les inamovibles Shea Roberts (chant, guitare), Chris Beltran (basse) et Justin Lynn (clavier), augmentés du formidable Jesse Nichols à la guitare (un vieil ami déjà présent sur le premier album) et du batteur John Tyree (des excellents ), le groupe n’a rien perdu de sa superbe. 60 Cycles Of Love est un excellente synthèse de leur premier album et du disque de Big Midnight. Un condensé de boogie de biker joué pied au plancher (“She’s No Good”, “Livin To Crash”, “Motel Boogie”, tube absolu) et de ballades stoniennes d’une classe folle (“Don’t Need You”, “Gonna Find It”).
Il y a longtemps, on écrivait en ces pages “Sûr que dans 15 ans on verra leur nom resurgir au gré d’une nouvelle vague rock. Pour l’instant, contentons-nous de faire vivre leur musique en partageant le secret le mieux gardé de San Francisco avec le plus de monde possible“. Nous y sommes, et si nous partageons encore une fois leur musique, c’est le coeur plein de joie : les Richmond Sluts sont plus en vie que jamais, et cet album le démontre magnifiquement.
Tracklisting
1. I Wanna Know
2. Don’t Need You *
3. Motel Boogie *
4. Different Tune *
5. She’s No Good
6. Into These Eyes
7. Gonna Find It
8. Livin To Crash *
9. To Hell And Back
10. Only God Knows Why
Vidéos
“Motel Boogie”
“Don’t Need You”
Vinyle
L’édition Mauvaise Foi / Beast est sur vinyle coloré de façon aléatoire (certains ont eu des disques bleus, rouges, transparents…). Le disque s’achète ici : shop.mauvaisefoirecords.com !