(Atlantic 2008)
Pour leur troisième long format, Louis XIV ont voulu se montrer à la hauteur de leur patronyme : leur nouvel album est extravagant, opulent, glorieusement décadent, pompeux au possible par moments.
Slick Dogs & Ponies est le successeur attendu de The Best Little Secrets Are Kept, l’album glam le plus brillant de mémoire récente, un disque sexuel, provocateur, à l’anglophilie assumée (selon l’axe Bowie – Glitter – Bolan). Toujours mené par Jason Hill – producteur ici – et Brian Karscig, Louis XIV sont aujourd’hui devenus un groupe glam dans toute sa splendeur. Les rugosités garage des premiers enregistrements ont cédé place à une sophistication sonique tout à fait fascinante. La rudesse des riffs de guitare est toujours là (“Guilt By Association”, “There’s A Traitor In This Room”), mais elle se mêle désormais à des violons discordants et des orchestrations soyeuses. Le second album du groupe de San Diego a un son énorme.
On le répète, Louis XIV n’ont jamais aussi bien porté leur nom que sur cet album. Sur “Guilt By Association”, des violons vivaldiens répondent aux guitares tranchantes et à un clavecin franchement malsain. Pendant que l’orage gronde, Hill braque la banque : “Hey, you cash on the barrel-head and get on the floor / and all the rest of you away from the door“. Ce morceau est peut-être le meilleur de toute la discographie du groupe. Louis XIV y est dérangeant, classieux, incroyablement baroque et rock’n’roll à la fois.
On trouve dans Slick Dogs & Ponies un nombre étonnamment élevé de ballades. La meilleure d’entre elles, “Air Trafic Control”, commence tout en violons (ils sont omniprésents dans l’album), avant que Jason Hill ne vienne poser sa voix étranglée. Karscig prend le relais pour un refrain qui rappelle le “Hey, Bungalow Bill” que lançait Lennon dans l’album blanc. Ca pourrait être un moment incroyablement pompier, mais le groupe sait s’arrêter à temps, tout en gardant une ambiance glam chargée. Le “Starman” de Ziggy n’est pas loin, la patine d’Aladdin Sane non plus.
A vouloir aller trop haut, le groupe se vautre méchamment sur une paire de morceaux, en particulier la ballade dégoulinante “Tina” où Jason Hill brille par son incapacité à monter dans les aigus. Dans cet exercice, on préfère nettement le groupe sur “Stalker”, plus sobre, moins FM-friendly, plus intrigant. Passons l’inutile “Free Won’t Be What It Used To” où cette fois-ci Hill éructe à peine mieux qu’un chat écrasé, pour nous intéresser à ce “Misguided Sheep”, qui commence avec la rigueur d’une marche militaire. Hill est tellement meilleur quand il pose et qu’il fait son rap de proxénète… Pendant une minute on retrouve le Louis XIV gouaillard qu’on aime. Le morceau monte en pression… puis s’alourdit de violons et retombe comme un soufflé au moment du refrain. Slick Dogs & Ponies souffre souvent de son emballage trop pesant – de l’air !
Louis XIV sont souverains lorsqu’ils appliquent leurs bonnes vieilles formules, à l’image de “Sometimes You Just Want To”, un condensé de leur son en 2’30” : batterie économe et percutante façon Gary Glitter, basse vrombissante, tchatche aux paroles salaces. C’est le frère jumeau de “Illegal Tender” (qui était d’ailleurs largement meilleur), certes, mais on s’en fout. On apprécie aussi dans le genre l’étrange “Swarming Of The Bees”, et surtout “There’s A Traitor In This Room”, un des grands moment de l’album, au riff monumental et à la progression inexorable.
Placé en dernière position, “Slick Dogs & Ponies” est le clou de l’album. On y voit le groupe aborder ses différentes facettes avec brio. De l’intro prenante nappée de violons au solo agressif, jusqu’au final serein, Louis XIV y démontrent qu’ils sont devenus un groupe ambitieux et talentueux. Malgré tout, Slick Dogs & Ponies est à The Best Little Secrets Are Kept, ce que The Slider était à Electric Warrior : un successeur formulaïque et imparfait, l’album possède ses moments de gloire et ses tubes mais n’atteint jamais le niveau d’ensemble de son prédécesseur. Louis XIV semble parfois se répéter et compense son manque d’inspiration dans l’écriture par une production superbe. Quoi qu’il en soit, un morceau comme “Guilt By Association” mérite à lui seul qu’on envisage l’achat de ce disque clair/obscur.
Tracklisting :
- Guilt By Association *
- Air Traffic Control
- Misguided Sheep
- There’s A Traitor In This Room *
- Sometimes You Just Want To
- Tina
- Stalker
- Free Won’t Be What It Used To Be
- Swarming Of The Bees
- Hopesick
- Slick Dogs and Ponies *
Vidéos :
“Guilt By Association”
Vinyle :
L’album vinyle contient le CD de l’album, chose encore rare en 2008.