(Atlantic 2006)
Depuis le succès de leur premier album en 2004 – propulsé par le single “Are You Gonna Be My Girl”, tube planétaire rappelant un peu trop “Lust For Life” d’Iggy Pop pour être honnête –, Jet est devenu un des plus grands groupes de good ol’ rock’n’roll au monde. Riff gras, cris primaux, refrains fédérateurs, ballades mélancoliques… Le pub rock de Jet doit autant aux Beatles qu’à AC/DC ou Slade.
Pour ce second opus, aucune révolution en vue. Le groupe envoie les scies attendues et recycle toujours les mêmes références marquées seventies comme le démontrent le single stonien “Put Your Money Where Your Mouth Is”, le hard-rock à l’australienne de “Stand Up”et “Rip It Up”, le pub rock façon Faces de “Skin And Bones”, ou le glam au groove puissant de “That’s All Lies”. Voilà pour la face rock’n’roll de l’album.
A la différence de Get Born, album incendiaire traversé de ballades qui avaient tendance à casser le rythme, Shine On est un album de ballades qui s’énerve de temps à autre. L’ombre des Beatles est une fois de plus omniprésente, plutôt période 1969-70, voire John Lennon solo. “Bring It On Back” – synthèse habile d’ “Across The Universe” et “Champagne Supernova” d’Oasis –, la valse “King’s Horses”, l’ode lennonienne à un père disparu “Shine On”, la McCartneyienne “Eleanor” ou l’ultime “All You Have To Do” qui doit beaucoup à la face B d’Abbey Road sont autant de preuves que Jet a du mal à se démarquer de ses influences.
Il se passe alors un phénomène étrange. A force de vouloir à tout prix sonner comme les Fab Four, Jet prend le risque de sonner comme un vulgaire groupe de copistes parmi tant d’autres. Heureusement pour eux, leur talent d’écriture et la production léchée de Dave Sardy leur permet de sortir du lot, mais, coïncidence ou non (Sardy est également responsable du son du dernier Oasis), on a souvent l’impression d’entendre les frères Gallagher en lieu et place des frères Cester. “Come On Come On” ressemble à s’y méprendre à “Turn Up The Sun” des mancuniens (avec des gros bouts de “Hindu Times” dedans), “Shine On” se situe entre “Let It Be Love” et “Stop Crying Your Heart Out”, “Holiday” ressemble à tant de choses qu’on ne se fatiguera pas à les énumérer, sans parler des ballades citées plus haut dans lesquels la tentative de sonner comme les Beatles aboutit à un pastiche d’Oasis. Sur certains morceaux la ressemblance est tellement troublante qu’on en vient à se demander où Jet veut en venir.
Ce qui sauve le groupe australien de la déroute, c’est tout simplement que les chansons sont très bien écrites, que le groupe est bon, solide et racé (dans la grande tradition rock’n’roll façon Almost Famous), et l’album varié. Les morceaux hard-rock sont excellents, les ballades assez variées pour ne pas lasser (on retrouve ici des traces d’Oasis, des Beatles, des Stones, des Faces et même des Vines), le son est bon… Que demande le peuple?
En 2006, on ne peut plus parler Jet comme d’un groupe de garage-rock. La volonté de sonner énorme est manifeste, et le groupe y parvient sur les meilleurs passages de cet honorable second album qui devrait connaître un joli succès auprès des amateurs de classic rock et de pop. Jet n’invente rien sur ce Shine On qui ne révolutionne pas grand-chose mais qui promet néanmoins de passer un excellent moment à chaque fois qu’il tournera sur votre platine. En l’attente de jours meilleurs et de nouveaux Beatles, on reprendra de ce Shine On aux douces arômes seventies sans bouder son plaisir. Mille fois entendu certes, mais souvent irrésistible.
Tracklisting :
- L’Esprit D’Escalier
- Holiday
- Put Your Money Where Your Mouth Is *
- Bring It On Back *
- That’s All Lies *
- King’s Horses
- Shine On
- Come On Come On
- Stand Up
- Rip It Up *
- Skin And Bones
- Shiny Magazine
- Eleanor
- All You Have To Do*
Vidéos :
“Rip It Up”
“Bring It All Back”
“Put Your Money Where Your Mouth Is”
Vinyle :
L’album a été édité en un magnifique coffret contenant sept singles 7″ et un livret.