(CASS 2008)
Voici enfin le retour des trois fêlés d’Ann Arbor, qui ont fait du chemin depuis Do Rabbits Wonder ?, leur premier album, sorti en 2003, à l’époque où ils assuraient la première partie des White Stripes1 .
Un disque de Whirlwind Heat est toujours un événement, et cela à plusieurs niveaux : chaque fois, on attend une pochette aberrante, des riffs de guitare fuzz, des sons de synthé improbables (merci Moog), un jeu de batterie unique… On n’est jamais déçu. Au premier coup d’œil, les amateurs du groupe apprécieront la progression dans les visuels des pochettes : le trio n’a pas encore montré ses limites dans la provocation gratuite et le bon goût ; mais il faut cependant lui reconnaître une certaine cohérence.
L’album est court – une grosse demi-heure, et sa distribution est pour le moins alambiquée : dans un premier temps, il a été seulement disponible en téléchargement depuis les Etats-Unis, puis certains sites européens, et devrait sortir avant la fin de l’année en LP, à commander sur le ouèbe… Il est vrai que nous devons être environ douze en Europe à vouloir écouter les Whirlwind Heat, et que les multiples changements de label du groupe n’ont pas aidé à leur diffusion.
Côté musical, le groupe semble avoir été marqué par Beck – qu’ils ont accompagné en tournée l’année dernière ; le premier morceau du disque, « Emulators » lui doit en effet beaucoup. La basse se promène tranquillement, et Swanson rappe comme le génial blondinet à ses meilleurs moments (« Most of you fuckers are emulators »), et les premiers sons de synthé rassurent, en apportant à l’implacable base rythmique un contrepoint inattendu. Swanson, Holland et Damstra, malgré des chemins divergents, se retrouvent régulièrement et savent toujours enregistrer des morceaux jubilatoires ; comme à son habitude, le groupe n’a pas peur sur Scoop du Jour de poser les questions vitales (par exemple, sur « A Man’s Dirty Hand » : « Is dental hygiene a waste of time? »).
Un coup de sifflet ouvre la chanson « Scoop Du Jour » ; le sifflet revient ensuite régulièrement pendant la chanson (il ponctue une fin de vers sur deux pendant les couplets, en alternance avec une suite de notes improbables jouée au Moog). Comme souvent pour Whirlwind Heat, ceux qui ne s’attardent qu’aux bizarreries sonores proposées par le groupe vont passer à côté de l’essentiel… Ce trio est avant tout un grand groupe de rock, et si Swanson peut se permettre toutes les aberrations imaginables, c’est seulement parce qu’il a derrière lui l’une des meilleures bases rythmiques actuelles (« Scram »).
Où vont s’aventurer les trois membres de Whirlwind Heat pour leur prochain disque ? Il faudra se contenter de les suivre à distance pour connaître la réponse : il est peu probable de les voir jouer en France – ou même en Europe dans un avenir proche, mais le groupe maintient une qualité de production plus qu’honorable, et mérite que l’on s’y attache.
Liste des chansons :
1. Emulators *
2. I know you know you know I know
3. Card Catalog *
4. A Man’s dirty hand
5. No Plans tonight
6. Scoop du jour *
7. Scram *
8. The Realization *
9. Out of my mind
Vidéo :
“Emulators”
Vinyle :
L’album est sorti en février 2012 sur CASS Records, en vinyle
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p style=”text-align: justify;”>1De plus, Jack White avait produit le premier album de Whirlwind Heat sous son propre label, Third Man Records. Le disque avait été distribué par XL Recordings.