(Howlin’ Banana 2025)
On s’interrogeait quant à l’avenir de Gloria après les escapades en solitaire de Wendy Martinez (avec son formidable Rivages Du Monde Flottant) et Amy Winterbotham (avec son projet Midnight Cassette), mais, quatre ans après son excellent prédécesseur, le sextet lyonnais revient en grande forme.
En 2016, In Excelsis Stereo, le premier album du groupe avait révélé un groupe inspiré par les girl-groups des années 60 et le psychédélisme californien du Summer of Love. Une réussite artistique qui avait valu au groupe d’être programmé aux Trans Musicales de Rennes, le plaçant ainsi parmi les jeunes groupes à suivre. Son successeur, sorti cinq ans plus tard en raison du covid, avait marqué une forme de durcissement avec l’arrivée de guitares plus lourdes et d’arrangement plus ouvertement psychédéliques, voire heavy psych, ce qui n’était pas pour nous déplaire, bien au contraire.
Le bien nommé III reprend les affaires là où Sabbat Matters les avait laissées, c’est à dire quelque part entre 1969 et 1972. Est-ce un disque concept ? Il semblerait, tant tout ce qui tourne autour de ce disque semble être tourné vers la Grèce antique, du nom des chansons aux visuels (mention notable au dos de pochette où figure un casque de hoplite). Peut-être est-ce dû au fait qu’on entend sur plusieurs morceaux un baglama, luth grec devenu à la mode depuis quelques années dans les sphères psychédéliques, notamment depuis qu’Altin Gun a remis le saz (un instrument similaire) au premier plan.
Au cœur de la formule de Gloria, on retrouve bien évidemment les trois chanteuses (nommément Wendy Martinez, Amy Winterbotham et Marie-Louise Bourgeois), dont les harmonies portent les chansons écrites par le guitariste Kid Victrola à des hauteurs olympiennes. Doit-on parler, dans ce contexte, de chant des sirènes ? Il est en tous cas incontestable que, de “Echo” au diptyque “Harpocrat” les chansons du groupe sont envoûtantes. Plus que jamais portées par des riffs de guitare lourds qui construisent des grooves lancinants, elles se montrent ici d’une efficacité redoutable, à l’image de ce “Eleusis” qui aurait sans doute été un tube en 1969, à une période où l’appétit pour le mysticisme hippie et la mythologie était au cœur de nombreux morceaux (citons “Tales Of Brave Ulysses” de Cream, ou encore “Venus” de Shocking Blue, et des groupes tels que Aphrodite’s Child ou Power Of Zeus).
Solide du début à la fin, réussissant à la perfection l’alliance des sonorités vintage, l’album est une magnifique odyssée psychédélique (oui, tant qu’à filer la métaphore, autant aller jusqu’au bout) et confirme le statut de Gloria comme valeur sûre de la scène rock indépendante française.
Tracklisting
- Echo
- Eleusis *
- Dioscuroi *
- Styx
- Sirein
- Artemis
- Terpsichore
- Athena
- Harpocrate I
- Harpocrate II
Vidéos
“Eleusis”
“Echo”