(Clapping Music 2013)
Il semblerait que nous vivons en ce moment un nouvel âge d’or du rock psychédélique. La phrase parait péremptoire, mais les faits ne trompent pas : il essaime ces jours-ci pléthore de groupes inspirées du rock kaléidoscopique et aventureux de la fin des années 60.
Tous ces jeunes gens, qu’ils viennent de Grande-Bretagne (Temples), des Pays-Bas (Jacco Gardner), d’Australie (Tame Impala, Pond), des Etats- Unis (Maston, The Smoking Trees) ou de France (Sudden Death Of Stars) sont guidés par le même désir de produire une musique ambitieuse, à la production soignée et respectueuse des codes posés à la fin des années soixante par les pionniers psychédéliques de l’époque (The Beatles, Pink Floyd et compagnie).
Le dernier représentant hexagonal dans cette vague d’artistes hors du temps qui passent leur vie à peaufiner leurs arrangements lysergiques dans leur home-studio est Orval Carlos Sibelius, alias Axel Monneau au civil. Son premier album qui sort aujourd’hui possède toutes las caractéristiques d’une première œuvre : l’auteur a mille idées qu’il a parfois du mal à canaliser, s’égare dans un ou deux moments d’épate inutile, mais parvient sur quelques morceaux à estomaquer l’auditeur.
On trouve ainsi quelques titres franchement oubliables sur Super Forma, tel “Spinning Round” (dont la mélodie un peu faible est sans cesse masquée par des effets en cache-misère un peu agaçants) ou l’instrumental prog “Super Data”. Idem pour “Bells” qui se veut sans doute contemplative mais ne décolle vraiment jamais ou cet “Archipel Celesta” aux sonorités orientalisantes qui nous évoque Air période Pocket Symphony (pas leur meilleure). Heureusement, l’album contient aussi quelques belles chansons pop, comme “Good Remake” ou le surf cosmique d'”Asteroid”.
Surtout, Orval Carlos Sibelius se montre parfois capable de véritables coups de génie, tel l’immense “Desintegraçao” qui justifie à lui seul qu’on se penche sur cet album. Autour d’une mélodie sublime – une de celles qu’on se retrouve à siffler pendant des semaines sans pouvoir en décrocher – Orval Carlos Sibelius tisse une toile d’effets psychédéliques qui mettent superbement en valeur la progression de la chanson (clavecins, guitares inversées) avant d’enchaîner sur un fabuleux solo de trompette et de reprendre par une magnifique mélodie à tiroirs. C’est du grand art, et ça restera sans aucun doute un des meilleurs morceaux de l’année 2013.
Dommage seulement qu’en dehors de deux ou trois morceaux réussis, l’album qui l’accompagne s’égare un peu trop dans les effluves d’un rock progressif moins passionnant, mais il y a du potentiel chez cet artiste que l’on va suivre avec grand intérêt.
Tracklisting :
1. Sonho De Songes
2. Desintegração *
3. Asteroids *
4. Spinning Round
5. Super Data
6. Bells
7. Archipel Celesta
8. Cafuron
9. Huong
10. Good Remake
11. Burundi
Vidéo :