(Goner 2011)
Le groupe australien Eddy Current Suppression Ring a publié en toute fin d’année 2011 un double LP regroupant des singles aujourd’hui impossibles à trouver et des prises alternatives de quelques-unes de leurs chansons. Après huit ans d’existence et trois albums qui ont vu le groupe devenir une des valeurs sûres de la scène australienne et internationale, Eddy Current Suppression Ring s’offre une rétrospective… La compilation double vinyle a donc le vent en poupe : Goner avait déjà sorti une compilation de ce type pour Ty Segall ; un peu plus tôt, Thee Oh Sees avaient publié Singles vol.1 & 2.
Ce type de disques s’adresse en priorité aux admirateurs du groupe (dont nous faisons partie) et permet au groupe de donner une visibilité nouvelle à certains de ses morceaux les plus confidentiels. Quatre faces vinyles, vingt-deux chansons et plus d’une heure dix de musique : la compilation So Many Things est bien nommée et par conséquent difficile à appréhender dans son ensemble. La majorité des pistes sont dominées par le jeu de guitare d’Eddy Current (« It’s all square », « It ain’t cheap », « Get up morning »…), d’autres laissent la part belle à un son plus délibérément krautrock (« I’m guilty ») et s’étirent sur une longueur plus importante que les morceaux de rock’n’roll efficace dans lesquels Eddy Current Suppression Ring excelle. L’un des principaux points forts du groupe, en plus de son habileté à brouiller les frontières entre les genres musicaux, est celui de transmettre à son auditoire l’enthousiasme avec lequel il interprète ses chansons : impossible par exemple de ne pas réagir avec bonheur à l’intro (très « 96 Tears » sous acide) de « We’ll be turned on ».
Cependant, au-delà de ces éléments qui lui sont spécifiques, Eddy Current Suppression Ring est également un excellent groupe : une base rythmique parfaite (Rob Solid /Danny Current) aux talents variés (« Demon’s Demands » ; « Iraq (it’s on the map) ») qui permet au guitariste d’évoluer dans un contexte très carré et infaillible, ce dont profite grandement son jeu : Eddy Current se montre tour à tour capable de jouer des riffs marquants, des solos virtuoses et des impromptus bruitistes assez fascinants. Sur cet ensemble rock’n’roll parfait, la voix nasillarde de Brendan Suppression fait merveille : « Boy, can I dance good » commence par une longue introduction mi-parlée, mi-hurlée, avant que la chanson ne s’emballe réellement – et ne soit l’occasion du solo le plus approximatif et le plus réjouissant qu’on ait entendu depuis longtemps (celui qui débute à 1:15). Avec bonheur, le chanteur utilise très souvent cette alternance chant/commentaires parlés ; son timbre de voix reconnaissable assure une certaine continuité entre les deux.
Cette compilation confirme le talent du groupe et pourra également servir d’introduction à Eddy Current Suppression Ring, pour tous ceux qui ne connaissent pas encore cet excellent groupe. So Many Things est en effet un recueil hétéroclite et quelque peu monstrueux, mais qui prouve le talent d’un des meilleurs groupes contemporains.
Liste des chansons :
1. So many things
2. Get up morning
3. You don’t care
4. It’s all square
5. Precious Rose
6. Boy, can I dance good
7. She’s dancing away
8. You let me be honest with you
9. We’ll be turned on
10. Demon’s demands
11. I’m guilty
12. That time of day
13. It ain’t cheap
14. Noise in my head
15. Sometimes
16. Iraq (It’s on the map)
17. Wet cement
18. Hey Mum
19. Through the trees
20. T.A.L.O.I.G.A
21. We got the beat
22. Rush to relax
Vidéos :
“So Many Things”