Retour d’un voyage à Londres en forme de pèlerinage. A la différence du festival de Woodstock dont le slogan était 3 days of peace, love & music, ces trois journées de nostalgie dans la capitale britanniqué ont été 3 days of record shops, beer, fish & chips, noodle soup and rock’n’roll.
En mai 2007, on constate que la situation n’a guère changé pour Louie en deux ans. Toujours aucun album en vue (pourtant le groupe avait annoncé il y a six mois avoir signé avec Elektra et enregistré avec le producteur Stephen Street), et le groupe a fait passer comme message via MySpace que des ventes du single “I Know What You’re Doing Tonight” dépendrait le sort du groupe… La seule chose positive pour Louie au milieu de cet océan d’incertitudes, c’est que le versatile NME les soutient comme au premier jour. Cela suffira-t-il à les sauver de la noyade annoncée ?
Au vu de la soirée, on en doute. Ce soir Louie ont joué devant une salle à moitié vide. Il y a de quoi déprimer. On a envie de crier de colère, de hurler à l’injustice. Le concert fut brillant. Ces mecs sont le meilleur groupe garage-punk des îles britanniques. Les deux chanteurs se tirent la bourre pendant tout le concert, essayant de surpasser l’autre chacun leur tour, tantôt rivaux, tantôt en communion totale – ils sont complètement habités par leur musique, sans retenue aucune. Derrière eux, quatre types aux tronches patibulaires (le bassiste est le sosie humain de Murdock de Gorillaz) font tourner une machine punk puissante tout en ruptures et incroyablement catchy. Chaque accord tombe comme la foudre, le guitariste hirsute envoie des riffs dignes de Pete Townshend ou Dave Davies. “Smoking Champagne”, “Trees”, “Heartbreaker Skies”, “Young Evil Souls” sont des morceaux extraordinaires qui provoquent d’irrépressibles envies de sauter et de gesticuler sans retenue. Une fois l’orage passé, les lumières se rallument, la cinquantaine de personnes personnes présentes dans ce bar en sous-sol en ont eu pour leur argent – même si le concert fut moins intense que la folie furieuse du 100 Club de l’an dernier.
Louie sont un groupe formidable, peu de gens le savent. Pas assez trendy, pas assez beaux gosses (leurs concerts s’apparentent à des concours de sales gueules proches des freak shows), pas assez new rave. L’époque est au rock putassier des nightclubs et au batteries mécaniques. Louie portent en eux l’héritage des Libertines plus qu’aucun groupe à Londres, Hull, Sheffield ou Paris. Le créneau qu’ils occupent est en pleine perte de vitesse outre-Manche : le public veut du festif pour se faire sauter le cerveau aux pilules en boîte de nuit : des grosses basses, du minimalisme, de la pose, beaucoup de pose – l’esthétique disco-punk est la norme désormais, le cerveau a pris le pas sur le cœur (et les couilles, aussi oui).
Le punk de Louie n’est pas formaté pour la radio et évite les clichés crétins – c’est pour cette raison qu’ils ont quitté le label Island avant la sortie de leur premier album. Double faute si on veut réussir en ce moment. En 2002, ils auraient eu leur place entre Libertines et Datsuns, et auraient imposé leur punk à haute énergie sans même avoir besoin d’écrire une bonne chanson. Après Les Incompétents et The Special Needs, on n’a pas envie de voir un autre groupe au potentiel ahurissant finir dans la rubrique “perdants magnifiques”. Ras le bol.
Faites passer le mot, parlez-en autour de vous, sur les blogs, les forums, inondez d’e-mails vos magazines préférés, faites quelque chose pour sauver ce groupe tant qu’il en est encore temps. Louie sont le meilleur groupe punk du moment en Grande Bretagne – on met au défi quiconque de nous démentir à ce sujet. On n’a pas vu groupe si intense depuis les Libertines. On vous aura prévenu.