(Rough Trade 2009)
Lorsqu’en 2007 les 1990s ont débarqué avec leurs lignes de basse sautillantes et leurs textes hilarants, on avait plutôt aimé. Cookies, à défaut d’être génial, marquait l’éclosion d’un frontman d’un genre particulier en la personne de Jackie McKeown, chanteur fantasque aux dents perpendiculaires et aux textes moqueurs.
En 2009 le groupe revient avec un line-up changé et une approche nouvelle : tout le monde écrit, tout le monde chante. Il y a de quoi être surpris tellement McKeown est la figure charismatique du groupe. Sur Kicks, le Dingo écossais n’écrit et ne chante que six chansons, c’est un peu comme si Jonathan Richman n’avait écrit qu’un morceau sur deux des Modern Lovers après leur premier album : une aberration. Autre changement de taille, le bassiste original a quitté le navire, emmenant avec lui son sens du groove qui faisait le charme du premier album et laissant place à un dénommé Dino Bardo qui n’a apporte de notable que son patronyme improbable. Il va sans dire qu’avec tous ces bouleversements, Kicks ne pouvait être un bon album.
Toujours produit par l’insipide Bernard Butler – sans doute le producteur le plus surestimé de Grande Bretagne1 -, Kicks possède tout de même quelques bon morceaux, à commencer par “Vondelpark” ou “Giddy Up”, proches de ce que le groupe proposait il y a deux ans, et l’entraînante “I Don’t Even Know What That Is”. Pour le reste, l’album avance à un rythme de sénateur et donne dans la pop paresseuse. On trouve ainsi quelques morceaux indigestes comme “59” qui parle de lignes de bus écossaises dans une ambiance presque calypso (il ne manque que les steel-drums et les cockails pour finir le tableau), des ritournelles comme “Balthazar” ou “The Kids” qu’aurait pu chanter Elton John en 1985, et une ballade qui se veut épique (façon “This Is A Low” de Blur) mais tombe méchamment à plat, “Local Science”.
On ne sait si c’est son manque de productivité qui a poussé les autres à écrire, ou si c’est ce putsch de la part de ses musiciens qui l’a déstabilisé, mais Jackie McKeown parait déboussolé sur les morceaux qu’il propose. On ne retrouve que très peu l’entertainer sarcastique de Cookies. De l’excellente “Kickstrasse” à “Everybody Please Relax” en passant par “Box”, ses morceaux sont sombres, distordus, plutôt difficiles d’approche. Il essaie clairement d’entraîner le groupe dans une direction opposée de celle de ses deux collègues, une voie moins pop, beaucoup plus intéressante.
Tiraillé entre les aspirations de ses membres, 1990s proposent ainsi un album disparate et globalement peu satisfaisant pour l’auditeur. La fête entamée sur Cookies est donc terminée, on se penchera donc vers d’autres groupes si on envie de lignes de basse disco et de textes ironiques (ce qui arrive assez peu souvent convenons-en). Comme les choses sont engagées, il y a fort à parier que le groupe ne verra pas la fin de l’année.
Tracklisting :
1. Vondelpark *
2. Tell Me When Youre Ready
3. I Dont Even Know What That Is
4. 59
5. Kickstrasse
6. Everybody Please Relax *
7. Balthazar
8. Local Science
9. The Box
10. Giddy Up *
11. The Kids
12. Sparks
Le MySpace du groupe : www.myspace.com/1990sband
Vidéo :
La vidéo de “59”
- Ex-guitariste des insupportables Suede, Butler a récemment produit les albums d’artistes aussi divers que The View, Black Kids, Duffy, Sons & Daughters, The Veils. A son crédit, il produit le premier single des Libertines, “What A Waster”, sans toutefois réussir à gâcher le morceau (ce qui n’est pas le cas de la face B, “I Get Along” dont la version album est infiniment supérieure), tout comme “Don’t Look Back Into The Sun”.