(Alien8 2003)
Parmi toutes les séparations de groupes qui ont marqué ces dernières années, certaines sont étrangement passées quasi-inaperçues. Le split des Unicorns a frappé leurs fans comme un coup de poignard dans le cœur, sans que la presse ne l’évoque par plus d’un filet de deux lignes au plus. Joie de vivre en France, la sortie de Who Will Cut Our Hair When We’re Gone? fut quasi-conjointe à l’annonce du split du groupe. Dans ce contexte particulier, la mélodie triste à en pleurer de “I Don’t Wanna Die” n’en fut que plus poignante. L’album s’ouvre sur ce morceau intemporel de Pop avec un P majuscule où le meilleur du minimalisme indé rencontre la grâce des meilleurs morceaux sixties.
Ce qui arrive après cette ouverture magistrale n’est qu’un festival de réjouissances. Les mélodies, tantôt enjouées, tantôt mélancoliques, sont toujours surprenantes. Ce qui plaît le plus, c’est le son foutraque du groupe. Un son travaillé, empli de trouvailles étonnantes, témoignage d’une créativité et d’une maîtrise rares. En gros, c’est ce que les Flaming Lips tentent de faire depuis 20 ans sans pleinement réussir… Tout paraît simple avec les Unicorns qui n’ont jamais la main lourde.
Eléments essentiels de la partition du groupe, les claviers (synthés Korg, Jupiter 4, Prophet 5, piano jouet) d’Alden Ginger et Nicholas Diamond confèrent à la musique des Unicorns des sonorités psychédéliques douces et proposent un contrepoint idéal aux guitares. Le dialogue entre les instruments est formidable sur des morceaux tels que “Tuff Ghost”, “Jellybones” ou l’enthousiasmante (et désespérément pop) “Les Os”.
Aussi prépondérants que soient ces arrangements, les Unicorns n’oublient jamais l’essentiel : les mélodies. L’album en regorge, le groupe se sert de ses beaux jouets pour les mettre en valeur dans un écrin magnifique. Les excentricités des premières secondes de “Inoculate The Innocuious” ne rendent le morceau que meilleur, idem pour la kinksienne “Sea Ghost” et son intro de flûte à bec. L’exemple ultime en la matière demeure “Ghost Mountain” (oui, ça fait beaucoup de morceaux avec “ghost” dans le titre) qui possède une harmonie faite de boite à rythme, carillons, bris de glace, clavier et guitare acoustique.
Loin de n’être qu’un album de comptines pop, Who Will Cut Our Hair When We’re Gone sait aussi accélérer le tempo dans de nombreux morceaux comme “I Was Born (A Unicorn)”, “Les Os”, “The Clap” qui démontrent que The Unicorns possédaient toute la panoplie indie-pop moderne et avaient un potentiel énorme dans de nombreux domaines.
Il est aisé de trouver aujourd’hui dans des morceaux comme “Tuff Ghost” la formule qui a servi à un groupe comme MGMT pour faire danser les foules et connaître un joli succès. Que dire aussi de ce “Ghost Mountain” qui pourrait figurer sur Chutes Too Narrow des Shins ? The Unicorns font partie de ces groupes qui ont la malchance d’avoir eu les bonnes idées trop tôt. Annoncés à une époque comme le next big thing, les Unicorns se sont sabordés en plein essor en 2004 et ont laissée Arcade Fire et autres Los Campesinos empocher le magot.
Tracklisting :
1.: I Don’t Wanna Die *
2.: Tuff Ghost
3.: Ghost Mountain
4.: Sea Ghost
5.: Jellybones *
6.: Clap *
7.: Child Star *
8.: Let’s Get Known
9.: I Was Born (A Unicorn) *
10.: Tuff Luff
11.: Inoculate The Innocuous
12.: Les Os *
13.: Ready To Die
Vidéos :
“I Don’t Wanna Die”