BUDDY HOLLY – Buddy Holly

L’indispensable Buddy Holly (2/3)

(Coral ; 1958)

Cet album est le premier album officiel de la carrière solo de Charles Hardin Holley, un des plus importants artistes du rock’n’roll des années 1950.

Cependant, il s’agit peu ou prou du deuxième album des musiciens qui avaient enregistré The ‘‘Chirping’’ Crickets  sous le nom de The Crickets. En effet, de tous les membres du groupe, seul Nikki Sullivan (guitariste rythmique des Crickets) ne participe pas à l’album. L’autre différence importante entre  The Chirping Cricket et ce Buddy Holly est la réalisation de l’album : le disque se passe en effet des harmonies vocales des Picks, qui avaient fait merveille pour assurer les chœurs sur la plupart des chansons des Crickets. Quelques morceaux accordent encore une importance prédominante aux arrangements vocaux (« I’m gonna love you too », « Rave On »), mais cette démarche est nettement moins systématique que sur l’album des Crickets.  

Pour des raisons de droits – et aussi dans le but de diversifier un artiste superbement créatif, ce disque est sorti sous le label Coral, alors que The ‘Chirping’ Crickets était sorti par Brunswick... Derrière ces manipulations commerciales se cachait le géant du disque Decca, propriétaire des deux labels. Apparemment, entre le mois de novembre 1957 et le mois de février 1958, les lunettes sont devenues officiellement pas cool ; ce qui a conduit Coral à choisir pour la pochette de l’album une photo de trois-quarts face magnifique, où le regard de myope de Buddy Holly impressionne.

Cet album, souvent considéré comme légèrement inférieur à The ‘Chirping’ Crickets, possède des atouts qui en ont fait un classique absolu : aux intouchables « Peggy Sue » et « Everyday », il faut ajouter quelques chansons extraordinaires « I’m gonna love you too », « Listen to me » (le début d’album est proprement hallucinant), mais aussi « Words of Love », à laquelle les Beatles doivent un pan entier de leur carrière. En seulement douze pistes, le disque permet d’apprécier l’étendue des influences de Buddy Holly : il interprète des pistes typiques du rock’n’roll des années 1950 : « Ready Teddy », ainsi que « (You’re so square) Baby I don’t care », une chanson préalablement enregistrée par Elvis Presley, composée et écrite par le diabolique duo Jerry Leiber & Mike Stoller. Buddy Holly s’attaque avec brio à « Valley of Tears », un morceau au style facilement reconnaissable de Fats Domino & Dave Bartholomew, qui enchaînaient les tubes dans la deuxième partie des années 1950. Buddy Holly livre sur ce morceau une démonstration de ses capacités vocales, qu’il utilise parfaitement, quel que soit le style : son chant domine les morceaux avec autorité sur « Rave On », un morceau signé West, Tilgham & Petty (qui avaient déjà écrit « Oh Boy » interprété sur l’album The ‘‘Chirping’’ Crickets). Dans un registre différent, son chant se fait beaucoup plus chaleureux et profond (et ponctué d’inimitables hoquets) sur « Look at me », un véritable classique à réévaluer, emmené par une délicate mélodie au piano. 

Un des grands moments du disque est incontestablement « Peggy Sue », une chanson déjà sortie en 45 tours, que Buddy Holly et son groupe ont écrite et dont ils ont livré la version définitive (malgré les célèbres tentatives de John Lennon et des Beach Boys) : rythmique solide et dynamique, solo de guitare concis et efficace, paroles ridiculement simples, chant maniéré : l’alchimie, inimitable, est parfaite. Un peu plus loin, apparaît « Everyday »… A l’origine, le morceau était en face B de « Peggy Sue » (le 45 tours était sorti à la fin de l’été 1957). Le clavier au son caractéristique est un célesta, joué sur ce morceau par Vi Petty, l’épouse du producteur Norman Petty. L’inimitable rythmique de la chanson aurait été jouée par Jerry Allison en frappant ses mains sur ses cuisses. La voix de Buddy Holly plane au-dessus de la musique de façon irréelle, et le résultat est simple : deux minutes de pure magie.

Avec les douze chansons qui composent cet album (pour moins de vingt-cinq minutes de musique), et moins de six mois après la sortie de The ‘Chirping’ Crickets, Buddy Holly s’installait pour toujours au sommet du rock’n’roll. Son influence a été considérable et elle se poursuit, bien au-delà de la brièveté de sa carrière : la qualité et la quantité des pistes qu’il a enregistrées en quelques années de carrière en font un artiste unique.

Parmi les inconditionnels de Buddy Holly, ceux qui sont protégés par le bouclier fiscal peuvent s’offrir le prodigieux coffret « Not Fade Away : The Complete Studio Recordings and More » (sorti à la fin de l’année 2009), qui propose l’intégrale des morceaux enregistrés par le binoclard le plus célèbre de l’histoire du rock’n’roll. Les pauvres bougres pourront se consoler en écoutant les deux cent trois morceaux de ces six CD sur le site deezer, où ils sont tous en écoute gratuite. Les indigents n’ayant probablement pas accès à Internet, ils ne liront pas cet article : il est donc parfaitement inutile que je leur indique le moyen d’écouter cette extraordinaire intégrale.

 

 

Liste des chansons :

  1. I’m gonna love you too *
  2. Peggy Sue *
  3. Look at me *
  4. Listen to me
  5. Valley of Tears
  6. Ready Teddy
  7. Everyday *
  8. Mailman, bring me no more blues
  9. Words of Love *
  10. (you’re so square) Baby I don’t care
  11. Rave On
  12. Little Baby

 

Vidéos :

“Peggy Sue”

 
“Look At Me”
 
 
“Words Of Love”
 
 
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4 Commentaires
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Etienne
Invité
Etienne
4 mai 2010 0 h 25 min

Sans aucun doute, un des plus grand artisan de la musique pop

mb
Invité
mb
6 mai 2010 0 h 52 min

Ah, Buddy Holly et son Peggy Sue inimitable!  Incontournable avec Chuck Berry!  Tu me donne envie de casser le tire-lire…

beatnick bandit
Invité
12 mai 2010 1 h 18 min

Bel article sur le premier album de Buddy Holly sous son nom propre.

mb
Invité
mb
12 mai 2010 1 h 30 min

Alors, le coffret que j’ai reçue hier est d’abord un livre magnnifique !  Je ne savais pas que Buddy Holly venait d’un trou perdu dans le Texas.  La présentation des cd’s très
sympa, bravo à la direction artistique.  Par contre j’ai pensais trouvais un collection de ses disques, cet un collection de tous les enrégistrements avec alternative takes etc.  par
ordre chronologique.  Deux versions de Peggy Sue à la suite donc.  La version définitive est bien plus idiosyncratique, j’adore (depuis toujours.  Je l’aime moins quand il est trop
proche d’Elvis.  Il y a de vrai Rockabilly et même parfois ce qui pourrais avoir eu un influence sur les Beach Boys (je pense, je ne suis pas une experte!). Bref, merci pour la découverte,
depuis le temps que je me dit que je voudrais mieux le connâitre.

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