CERAMIC ANIMAL – Sweet Unknown

Empli de chaleur

(Easy Eye 2022)

En ces temps où les crises internationales s’empilent, Sweet Unknown est le genre de feelgood album dont le monde a besoin. Un disque ensoleillé qu’on s’imagine bien glisser dans l’autoradio avant de prendre la route et de contempler l’horizon chatoyant… et laisser ses soucis derrière soi.

Gang mené par trois frères originaire de Doylestown (Pennsylvanie), à quelques encablures de Philadelphie, Ceramic Animal a publié trois albums auto-produits dans un relatif anonymat avant d’être repéré par Dan Auerbach qui leur a proposé d’enregistrer dans son studio Easy Eye Sound. Sans surprise, il en résulte un disque au son chaleureux qui rappelle par moments d’autres groupes qu’Auerbach avait pris sous sa coupe par le passé, comme Hacienda (“Tangled Up”) ou les Buffalo Killers (“Private Dancer”). Des groupes terriens qui avaient un penchant pour les mélodies pop et les guitares vintage et partageaient avec Ceramic Animal un art du songwriting à l’ancienne.

Plus proche des Eagles que de Crosby, Stills, Nash & Young, Ceramic Animal est un groupe de rock américain comme on le concevait dans les années 70. Une machine à refrains qui par moments va très loin dans la guimauve mais ne sombre jamais dans la mièvrerie. En phase avec cet cet étonnant revival soft-rock qui anime les années 2010-2020 (symbolisé par Parcels, Lemon Twigs ou encore Drugdealer), Ceramic Animal n’hésite pas à verser un orteil ou deux dans le grand bain du sentimentalisme sophistiqué. Le meilleur exemple de cet approche est “Forever Song”, ballade co-écrite avec Desmond Childs (auteur-compositeur de renom notamment responsable de “Crazy” pour Aerosmith), un des morceaux les plus mémorables de l’album.

Porté par quelques chansons rock sudistes (“Tangled”, “Up In Smoke”, “Private Dancer”), l’album sonne par moments sonne comme celui qu’on attendait des Kings of Leon en 2005 mais qu’ils ont préféré jeter à la poubelle pour devenir une machine de stade sans âme. Cette impression de familiarité – et de parenté avec les frères Followill – prend tous son sens à la lecture des crédits de l’album. Dan Auerbach publie et produit l’album, et il co-écrit également tous les morceaux avec le chanteur Chris Regan, mais un autre nom bien plus intrigant apparaît adossé à eux à chaque chanson ou presque : celui d’Angelo Petraglia, songwriter new-yorkais connu pour avoir co-écrit le premier album des Kings Of Leon (et que certains n’ont pas hésité à voir comme le véritable cerveau derrière les meilleurs morceaux du groupe). Avec un tel aréopage d’auteurs, l’album ne pouvait qu’être une réussite.

Si l’ensemble sonne très classique, un des points forts du groupe demeure sa capacité à surprendre et séduire aux moments où on s’y attend le moins. La ballade “Long Day” débute telle une chanson americana assez générique, jusqu’à ce qu’un chant en falsetto l’entraîne vers des territoires soft-rock avant un refrain soul qui apporte un éclairage nouveau sur le morceau. Sur “I Love A Stranger”, les claquements de main qui ponctuent chaque couplet ainsi qu’un synthé très new wave emmènent le groupe dans une esthétique qu’on n’imaginait pas croiser sur un disque aussi roots, quelque part entre les Growlers cocaïnés de “City Club” et l’Altin Gun récent. Des moments paisibles entrecoupés de déflagrations rock’n’roll (l’électrique “I Can’t Wait”, la stonienne “Valerie”) qui viennent relancer la machine, pour un album lumineux et empli de chaleur.

 

 

Tracklisting

1. Tangled *
2. I Can’t Wait *
3. I Love a Stranger 
4. Long Day 
5. Forever Song
6. Sweet Unknown *
7. Up in Smoke 
8. Private Dancer 
9. I Don’t Wanna Wait 
10. Valerie *

 

Vidéos

“Sweet Unknown”

“Tangled”

 

 

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