(Warner 2005)
Mélange subtil entre Supergrass et Hanson, les Subways sont avant tout une affaire de famille. Billy Lunn (19 ans), chanteur-guitariste du groupe apprend à sa copine/muse Mary-Charlotte Cooper (17 ans) à jouer de la basse depuis 4 ans tandis que son frangin Josh Morgan (18 ans) s’impatiente derrière ses futs.
Les Subways sont sans aucun doute le power trio le plus jeune de l’histoire du rock anglais et cela s’entend. Young For Eternity est empli de la fraîcheur, de l’enthousiasme et de l’energie du Supergrass des débuts, la folie du trio britpopper d’Oxford étant ici remplacée par la tension électrique entre Lunn et sa compagne. Attention, on est quand même loin de l’intensité dégagée par les Kills ou les White Stripes sur scène…
Les Subways possèdent quelques morceaux géniaux, bien balancés, où le groupe laisse entrevoir un potentiel intéressant. L’ouverture “I Want To Hear What You Have Got to Say” est une perle de powerpop qui monte en puissance juqu’à une formidable explosion rock’n’roll. L’introduction au groupe est idéale. Les singles “Rock’n’roll queen” et surtout “Oh Yeah” se sifflotent très bien en faisant la plonge – qui, je le rappelle, est le test ultime – grâce à la fraîcheur qu’ils dégagent malgré des riffs mille fois empruntés.
Lorsque le groupe ralentit le tempo on commence à s’ennuyer. Qui a envie d’écouter les énièmes redites grunge que sont “City Pavement” et “Young For Eternity”? D’autre part, ce disque montre les limites de Lunn en tant que parolier. La jeunesse – et la frustration – excuse la naïveté de textes historiques comme “You Really Got Me” ou “She Loves You” mais pas la navrance de certaines lignes telles que “You are the sun / You are the only one / My heart is blue / My heart is blue for you” (“Rock’n’roll Queen”) ou “Mary is my best friend / She makes me my tea” (“Mary”).
De plus, le côté fashion victim et le look H&M du groupe trahissent un groupe jeune, certes, mais sans réel esprit de rébellion. Cela préoccupe… Le rock est – censément – une musique de révoltés, un cri de colère. Les Subways ne semblent avoir aucun message à faire passer et semblent plutôt faire l’apologie de la culture britannique dans ce qu’elle a de pire : zoner dans les shopping centres pour acheter des fringues “à la mode” avant de prendre la cuite hebdomadaire du samedi soir dans un Weatherspoon… La célébration d’une culture de masse sans saveur qui se regarde le nombril sans réel désir d’évolution, une réponse froide et consumériste aux rêves déglingués et libertaires imaginés par les Libertines. On est loin du spirit of Albion…
Dans ce premier album les Subways brassent donc du néant – plutôt bien d’ailleurs – mais réussissent à s’attirer la sympathie de l’auditeur sur les morceaux les plus enlevés. Ils sont jeunes, mais cela ne doit pas être une fin en soi (comme le suggère le nom de l’album). On espère que leur prochain disque s’intitulera Reading books nowadays ou I have something to say, tout en gardant l’excellente base powerpop qui fait le charme du groupe.
Tracklisting :
- I Want To Hear What You Have Got To Say *
- Holiday
- Rock & Roll Queen *
- Mary
- Young For Eternity
- Lines Of Light
- Oh Yeah *
- City Pavement
- No Goodbyes
- With You
- She Sun
- Somewhere
- At 1AM
Vidéos :
“Oh Yeah”
Vinyle :
L”album est un double 10 pouces assez joli. Le contenant est sans doute meilleur que le contenu.