(Dirtnap 2011)
Difficile de parler d’un disque qui nous embête autant qu’il nous réjouit. Et de façon plus générale, difficile de parler de l’album un peu décevant d’un groupe méconnu. Le dilemme se pose souvent à nous quand on écoute l’album inintéressant d’un groupe signé sur une petite structure : vaut-il mieux ne pas en parler du tout ou doit-on le descendre avec la même férocité qu’on égratigne au mauvais Coldplay (pléonasme) ? La plupart du temps, on préfère ne pas taper sur les petits, et on passe pudiquement sous silence ces albums qui ne nous inspirent pas. Mais parfois l’envie nous démange toutefois d’en parler, comme c’est le cas pour ce deuxième album de Bad Sports, un album de pop-garage honnête mais qui n’arrive pas à la cheville des vrais bons disques de genre parus en 2011.
A vrai dire, pour ceux – peu nombreux – qui avaient adoré leur premier album éponyme sorti en 2010, Kings Of The Weekend n’apporte que peu de nouveauté. Les meilleurs morceaux sont des clones de certains titres de Bad Sports (“Off Switch” refait “Face Like That” en moins bien, “Inside And Out” cite “Sinking You”…) et l’album possède moins d’énergie, d’enthousiasme, d’attitude et de riffs de guitare cinglants que son prédécesseur. Bref, Bad Sports ont un peu foiré leur second album. Mais pourquoi en parler alors ?
Parce que malgré tout ce disque est meilleur que tout le top 50 de fin d’année de Rolling Stone, et puis surtout parce que ce n’est pas le presse musicale traditionnelle ou Pitchfork qui va évoquer ce groupe si on ne le fait pas. Groupe trop méconnu, label trop petit et non distribué en France : telles sont les raisons qui font que cet album n’a été que peu chroniqué en dehors des fanzines punk.
On se charge donc de réparer cette injustice à notre modeste échelle, sans pour autant verser dans l’angélisme : Kings Of The Weekend est un album de garage lo-fi à l’esthétique power-pop, qui cite Ramones à tout va. Un disque mineur, agréable mais pas indispensable, où manquent cruellement l’énergie et les attaques de guitare foudroyantes de Bad Sports. L’occasion pour nous de signaler qu’il serait criminel de ne pas connaître le premier essai du groupe, un des disques lo-fi les plus accrocheurs de mémoire récente. Un disque aux tubes multiples qui, dans un monde parfait, trônerait en bonne place chez tout amateur de rock’n’roll abrasif. C’est pour cela qu’il faut garder un oeil sur Bad Sports et notamment leur leader Orville Neeley (qui chante aussi chez les très bons OBN IIIs dont l’acronyme n’est autre que les initiales de son nom). C’est pour cela qu’il fallait parler de Kings Of The Weekend : afin de rappeler au monde l’existence du groupe et de l’excellence de son oeuvre passée.
Tracklisting :
1 Off Switch *
2 Can’t Just Be Friends
3 Sweet Sweet Mandi *
4 Teenage Girls
5 Inside and Out
6 You Look Funny
7 I May Be Cruel
8 I’m in Love (With Myself) *
9 Get Your Head
10 June Sixteenth
11 Can’t Stay
12 You Don’t Wanna Know
13 Someday in the Future
14 Days of Denton
Vidéo :
“Can’t Just Be Friends”