(Southpaw 2012)
RIP Bare Wires. La nouvelle ne date pas d’aujourd’hui, et si on y réfléchit bien elle n’est qu’anecdotique comparée aux disparitions malheureusement bien réelles de Kevin Ayers et de Reg Presley, mais tout de même elle nous agace. Car le temps de quelques albums ébouriffants, Bare Wires ont été un des groupes les plus enthousiasmants à suivre sur disque et sur scène.
Leurs concerts étaient des shoots d’adrénaline coupée au boogie, leurs disques des collections de tubes glam, leur application à mener un train de vie dissolu admirable d’idéalisme crétin. Bare Wires étaient des branleurs romantiques, des SDF itinérants qui préféraient les lits des groupies aux chambres d’hôtel et naviguaient d’une ville à l’autre dans un van magique transformé en fumoir ambulant. Évidemment, ce slacker lifestyle ne pouvait que déboucher sur une impasse. Après une première dissolution et une tournée effectuée avec un nouveau line-up (dont le fantasque Omar Hernandez d’Apache à la batterie), Bare Wires a fini par imploser, non sans avoir eu le temps d’enregistrer un ultime album.
Idle Dreams, cet album qui devait être celui de la percée mainstream (le groupe était courtisé par plusieurs labels de taille respectable, la rumeur l’envoyait même chez Matador) est ainsi l’épitaphe de Bare Wires. On y retrouve tous les tics qu’on aime chez Matthew Melton et ses sbires : des mélodies pop teintées de glam (“Julia”, “Stallion Of The Streets Forever”, “One More Hour Of Love”), quelques solos de guitare cinglants et mélodiques (“Don’t Leave Me Here”), des rythmes boogie emballants (“Impossible Things”, “Chasing Time”, “Starting To See”).
Par rapport à ses prédécesseurs, Idle Dreams est un album étrangement posé. On n’est plus dans le panache et l’exubérance rock’n’roll comme sur Seeking Love, mais plutôt dans une pop indé futée qui s’appuie plus sur la qualité des mélodies que sur un emballement rythmique. C’est sans doute dû à une production étrange où batterie et basse sont étouffées au profit de la voix et des lignes de guitares de Matthew Melton. Est-ce par pur choix artistique ou par vengeance envers ses sections rythmiques démissionnaires ? On ne sait pas trop, mais cette approche donne à Idle Dreams des accents encore plus powerpop (comme l’illustre la superbe “Julia” où la guitare chantante de Melton suit la mélodie vocale devant une rythmique minimaliste).
Aujourd’hui, Matthew Melton a déjà rebondi, avec un nouveau groupe nommé Warm Soda dont le premier album vient de sortir. Un projet moins rock’n’roll mais dans la continuité de ce que produisait Bare Wires sur les passages les plus pop d’Idle Dreams. De Snakeflower 2 à Warm Soda, il apparaît que la trajectoire de Matthew Melton s’éloigne petit à petit du rock’n’roll psychédélique vers une musique plus pop. En somme, Bare Wires aura été la période glam-punk-boogie du guitariste moustachu, et avec du recul c’est louable que l’histoire de ce groupe s’arrête ici, sur un “School Days” final où Melton semble dire adieu à sa jeunesse débridée.
Voir Bare Wires interpréter “I Love You Tonite” ou “Back On The Road” nous manquera, mais le temps n’est pas encore à la nostalgie : place désormais à la pop glam de Warm Soda. Matthew Melton a encore beaucoup de belles histoires à nous raconter.
Tracklisting :
1. Impossible Things *
2. With Her Own Eyes
3. Idle Dreams *
4. Chasing Time *
5. Julia *
6. Don’t Leave Me Here
7. Starting To See
8. Book Of Lies
9. Psychic Wind
10. Stallion Of The Streets Forever
11. One More Hour Of Love
12. School Days *
Vidéos :
“Chasing Time”
Vinyle :