(1965 Records 2007)
Repérés en première partie de Babyshambles puis de Dirty Pretty Things en 2006, The View sont un quatuor de Dundee (Ecosse) qui sortent à peine de la puberté et qui proposent une power pop aux guitares plutôt punk et aux mélodies travaillées. Tout au long de ce premier album qui fait un malheur outre-manche, on sent l’ombre des Libertines planer au dessus des têtes chevelues des jeunes musiciens. A l’image des Arctic Monkeys ou des Kooks, The View représentent la jeunesse anglaise d’aujourd’hui – celle des samedi soirs enivrés et des fringues estampillées H&M – et ont construit leur succès sur les cendres du groupe de Carl Barât et Peter Doherty, leurs parrains aujourd’hui.
La force de Hats Off To The Buskers – outre la fougue et la fraîcheur juvénile de ses interprètes – réside dans le fait qu’il propose une grande variété de morceaux. On trouve du punk pur et dur à l’image du génial “Coming Down”, l’ouverture pleine de punch de l’album, du ska sous amphétamines avec l’irrésistible “Wasteland”, on trouve aussi des morceaux power pop dans lesquels la mélodie emporte tout, comme les singles “Wasted Little DJs” et “Superstar Trademan” (une cousine de “Don’t Look Back Into The Sun”), deux chansons qui se sifflent très bien sous la douche (le test ultime, on le rappelle). De temps à autre, The View savent ralentir le tempo et débrancher leurs guitares électriques pour décapsuler quelques ballades fraîches. La mélodie de “Same Jeans” paraît tellement évidente qu’on se dit qu’on aurait pu l’écrire (on lui trouve aussi une petite ressemblance avec “Brimful Of Asha” de Cornershop). Voila un ce qu’on appelle véritablement un morceau pop (ce n’est pas un hasard s’il est entré dans le Top 3 en Grande-Bretagne). C’est un des aspects les plus surprenants de cet album (surtout au vu de leurs prestations live) : quand ils enlèvent leur déguisement de punks, The View se révèlent être un excellent groupe de pop anglaise, ou plutôt de pop écossaise en l’occurrence. Les belles mélodies se succèdent, interprétées avec une sérénité qui frise l’insolence. “Face For The Radio” est une ballade acoustique d’une pureté cristalline (un tube prochain sans aucun doute) portée par des chœurs façon Beatles, “The Don” une chanson emballante où la basse incite à dodeliner de droite à gauche.
Par moments, cet aspect du groupe est franchement fatiguant. Si on aime une chanson britpop de temps en temps, quand celle-ci ressemble à du Travis, on tique un peu. “Streetlights” (qui rappelle “Why Does It Always Rain On Me” de cet autre groupe écossais) a sa véritable place en face B de single, “Don’t Tell Me” est une chanson de remplissage dans laquelle le chanteur essaie de sonner comme Liam Gallagher, “Dance Into The Night”, qui rappelle les Fratellis, est un morceau de rock de balloche plutôt anecdotique tandis que “Claudia” et son ambiance fifties ne décollent jamais. Tout cela n’a que peu d’intérêt. Pourquoi avoir gardé ces morceaux plutôt que l’excellente “Posh Boys”, une de leurs meilleurs démos? Par ailleurs, si “Superstar Trademan” ressemble à une chanson des Libertines, “Grans For Tea” penche du côté Babyshambles, ce qui tend à prouver que The View n’ont pas encore tué leurs idoles. Péché de jeunesse.
Heureusement pour le groupe, quand ils nous produisent un morceau aussi gentiment déjanté que “Skag Trendy”, on leur pardonne toutes leurs défaillances. Ici le chanteur/guitariste Kyle Falconer et le bassiste Kieren Webster échangent leurs places et instruments pour l’occasion et il en résulte un morceau barré, à la ligne de basse groovy comme on les aime.
Ce premier album de The View est empli de bonnes chansons et de promesses pour l’avenir. En raccourcissant l’album de deux ou trois chansons superflues et en y rajoutant l’excellente bombe punk “Posh Boys”, Hats Off To The Buskers aurait même pu être un album majeur. Hélas, The View ont rendu une copie propre, mais qui ne mérite que l’appréciation “bien, mais peut mieux faire”. Dommage pour un groupe au potentiel si intéressant. Néanmoins, on recommandera grandement l’écoute de ce premier album, ne serait-ce que pour les singles “Wasted Litle DJs”, “Superstar Trademan” et l’ouverture “Coming Down”.
Tracklisting :
1. Comin’ Down *
2. Superstar Tradesman *
3. Same Jeans
4. Don’t Tell Me
5. Skag Trendy *
6. The Don
7. Face For The Radio *
8. Wasted Little DJ’s *
9. Gran’s For Tea
10. Dance Into The Night
11. Claudia
12. Streetlights
13. Wasteland *
14. Typical Time
Vidéo :
“Coming Down”