(V2 2007)
Moins de deux ans après leur Silent Alarm qui avait divisé l’opinion, les londoniens de Bloc Party viennent d’accoucher d’un album-concept qui devrait à nouveau être à l’origine de débats houleux.
On s’est souvent désolé ces dernières années de voir des bons groupes se vautrer après un premier album prometteur, Bloc Party avait fait fort en 2005 en produisant le décevant Silent Alarm après une première salve de singles post-punk emballants. Leurs prestations en concert avait par ailleurs achevé de les rendre insupportables. A Weekend In The City est donc l’occasion pour le groupe de Kele Okereke de se rattraper et de justifier pleinement sa flatteuse réputation.
On se rend assez vite compte que l’album repose sur le même équilibre que le précédent, avec un changement notable : le son du groupe est devenu plus étoffé. On est loin de la sobriété de Silent Alarm enregistré au Danemark, on traîne plutôt du côté de Los Angeles avec un mur de son clinquant qui n’est pas sans évoquer U2 ou les Killers par moment – ce qu’on fait de pire en termes de rock’n’roll. “
Waiting For The 7.18″ aurait pu figurer sur le récent Sam’s Town des américains tant il est boursouflé, la plupart des ballades sont prévisibles au point qu’on a l’impression de les avoir écrites (“Kreuzberg” qui se veut contemplative est juste interminable, “I Still Remember” sonne comme du rock pour lycéens californiens, “Uniform” s’emballe à mi-chanson en un truc épique digne de Muse). La plupart du temps, elles ne servent que d’espace libre à un batteur excellent certes, mais plutôt bavard (quand il se fait plaisir avec les rythmes chaloupés de “On”, “Where Is Home” entre autres), et s’achèvent en un déluge de larsen systématique.
Rien n’est vraiment surprenant dans ce A Weekend In The City si ce n’est le fait que Bloc Party ont décidé de se muer en groupe de stade. A l’image du morceau “Song For Clay (Disappear Here)”, qui doit beaucoup à “New Born” de Muse, ou de “Where Is Home” où de nombreux effets spéciaux font office de cache-misère, le groupe de Kele Okereke fait ce qu’il peut pour masquer son manque d’inspiration. Parfois la solution consiste à ressortit des vieilles formules, comme pour “Hunting For Witches” qui est une photocopie d'”Helicopter”, un des meilleurs morceaux du premier album. C’est pas mal mais ça sent le réchauffé…
Le single “The Prayer”, avec ses chœurs indiens, sa rythmique tribale et ses synthés eighties, est remarquable par la quasi-absence de guitare qu’il contient (hormis évidemment le solo de service en fin de chanson) et l’ennui qu’il génère. C’est ici que le concept fait son apparition : A Weekend In The City est censé traiter de la vie citadine londonienne avec plusieurs thèmes forts (attentats, homosexualité, immigration, drogue – un vrai programme électoral). Or, la chronique sociale de Bloc Party n’est guère convaincante, surtout quand elle est desservie par des chansons bancales. Kele Okereke parle de façon ennuyeuse, drôle de façon de boucler la boucle.
On ne doute pas un instant que cet album va connaître un succès massif. On pourrait coller une étiquette sur la pochette “Estampillé FM”. Il devrait bien marcher outre-Manche en tous car le style Bloc Party n’est pas sans évoquer aujourd’hui celui de groupes comme les Doves, le genre de truc qui ne marche qu’au Royaume-Uni sans qu’on sache pourquoi. A Weekend In The City ne vaut pas mieux que le dernier Cooper Temple Clause et réussit à être moins bon que Silent Alarm qui, malgré ses défauts, possédait quelques bons moments. Méfiez-vous des mecs qui vont s’enflammer sur cet album et le faire passer pour ce qu’il n’est pas. Ce sont ces mêmes personnes qui essaient de vous refourguer du Killers ou qui tentent de vous faire croire que la nouvelle scène rock parisienne va changer votre vie…
Tracklisting :
1. “Song for Clay (Disappear Here)” — 4:52
2. “Hunting for Witches” — 3:33
3. “Waiting for the 7:18” — 4:18
4. “The Prayer” — 3:46
5. “Uniform” — 5:35
6. “On” — 4:47
7. “Where Is Home?” — 4:56
8. “Kreuzberg” — 5:31
9. “I Still Remember” — 4:38
10. “Sunday” — 5:04
11. “SRXT” — 4:50