(Parlophone 2008)
Préambule : Début juillet, moment idéal pour chroniquer un disque sorti le mois dernier, et dont on n’attendait rien, pas plus que du prochain (et des précédents) U2, de la présidence française de l’Union Européenne ou de la culture du haricot blanc dans le nord-est de la Picardie. Pour ceux qui n’auraient rien de mieux à faire que de me poser la question, je reconnais que les diverses productions de Coldplay m’ont toujours laissé de marbre, tant la musique du groupe me paraît quelconque, et le lyrisme de supermarché – bio – de Chris Martin m’insupporte.
Cette fois-ci, avant même l’écoute du disque, c’est différent : la pochette de l’album choquerait même un aveugle inculte. Une inscription taguée sur La Liberté guidant le peuple. Une référence culturelle, et un hommage possible à la Joconde moustachue de Duchamp, pourraient affirmer les amateurs du groupe (en réalité, je n’ai pas de rapport avec aucun d’entre eux)… Malheureusement, c’est juste raté, de style pompier, et à la seule vue de cette pochette, on semble déjà entendre les cascades de violons larmoyants et le piano de Martin.
Le plus grave dans la musique de Coldplay, c’est justement que quelques-uns de leurs morceaux ne sont pas mal. Le groupe sait écrire des chansons, sait ralentir ou accélérer le tempo, sait mettre des chœurs de temps en temps. Les mélodies sont parfois acceptables, et restent facilement, mais qui peut avoir envie d’écouter ça ? De qui Coldplay peut-il être le groupe préféré1 ? Ce disque ne me semble pas le meilleur du groupe2 : “Lost !” a une rythmique abrutissante et un type de solo de guitare qu’on croyait définitivement perdu depuis le début des années 1990 ; et “42” est tellement typique du groupe qu’elle en devient caricaturale, avec son intro piano/voix. Les morceaux passent, le style reste : des échos autour d’une voix qui s’échappe en falsetto gonflant, des violons au kilomètre, et du synthé… Le disque n’en est qu’à la cinquième chanson, et cette chronique semble déjà une mauvaise idée.
Interlude : Au moment où j’écris ces lignes, la nouvelle de la libération d’Ingrid Bétancourt vient d’être annoncée. Oui, d’accord, j’ai fait une pause clope-radio. N’écoutant que mon devoir, je relance le disque.
Pas de miracle dans la suite de l’album… “Chinese Sleep Chant” est aussi émouvant qu’une déclaration d’impôts, “Viva La Vida” voit le groupe se vautrer dans ses travers habituels (avec violons écoeurants et chœurs lourdingues), sans qu’on ne puisse comprendre encore ce qui peut le conduire à écrire de tels morceaux. Encore quatre pistes sur cet interminable disque, qui a pour unique mérite de permettre à son auditeur de se confronter de façon concrète à l’aspect relatif du temps. “Violet Hill” ressort un solo de guitare antédiluvien et un jeu de batterie pour lequel n’importe quelle boite à rythme aurait fait l’affaire. Les derniers morceaux de Viva La Vida or Death and all his friends ont une qualité que les précédents n’ont pas : ce sont les derniers. A cet égard, il faut avouer que “The Escapist” est sans aucun doute la meilleure chanson de l’album.
Liste des (trop nombreuses) chansons :
- Life in Technicolor
- Cemeteries of London
- Lost !
- 42
- Lovers in Japan
- Reign of love
- Yes
- Chinese sleep chant
- Viva la Vida
- Violet Hill
- Strawberry Swing
- Death and all his friends
- The Escapist
1 Si Coldplay est votre groupe préféré, contactez-moi, on en discute sérieusement.
2 Une nouvelle fois, cette affirmation n’engage que moi, mais en vérité, je ne suis pas le mieux placé pour en juger, et pour être franc, je me bats l’œil de savoir quel peut être le “meilleur ” album de Coldplay.