(Mono Records)
Ne vous fiez pas aveuglément à cette pochette inquiétante : si Tracy Bryant n’est vraisemblablement pas un gai luron, sa musique est néanmoins dotée d’une part d’héroïsme qui la rend chère à nos coeurs. Le leader de Corners (groupe synth-pop de l’écurie Lollipop Records, intéressant pour qui s’intéresse à la synth-pop) sort ces jours-ci un single à la tonalité gothique qui, sans crier gare, constitue l’une des bonnes surprises de la rentrée.
Premier constat à la lecture des notes de pochette : Tracy Bryant sait s’entourer. Son backing-band est composé de membres de Froth et le disque est produit par Joel Jerome, peu connu en nos contrées mais dont la réputation d’habile artisan n’est plus à faire en Californie. Ces choix se traduisent sur le disque par un son brumeux assez proche de la pop anglaise du début des années 80, évitant l’écueil d’un lyrisme étouffant par un effort de sobriété appréciable. Les musiciens sont de plus excellents, en officiant pourtant dans un registre assez éloigné de celui qu’ils pratiquent d’ordinaire (Froth donne plutôt dans le shoegaze lorgnant vers la pop sixties).
Second constat à l’écoute du disque : Tracy Bryant sait aussi, en écrivant de belles chansons, faire honneur à l’écrin que ses amis lui offrent. « The Little Things » et « Until The End of Time » donnent à entendre des mélodies limpides à la violence contenue, qui rappellent un peu les derniers efforts des Fresh & Onlys. Toutefois, alors qu’on regrettait la mise en retrait du talentueux guitariste Wymond Miles sur Long Slow Dance et House of Spirits, les guitares ne sont pas négligées ici et offrent un contrepoint idéal à la voix teigneuse et désabusée de Bryant.
Ce dernier passe dans quelques jours au Point Ephémère, à Paris, en première partie des Useless Eaters : une bonne occasion de vérifier s’il tient sur scène les promesses faites avec ce beau single.
Tracklisting :
Face A : “The Little Things
Face B : “Until The End of Time”
En écoute :