(Green Cookie / Groovie 2009)
Alors que la déprime s’immisce lentement chez nombre d’entre nous avec la fin de l’été et le retour des obligations alimentaires, un album qui sent bon la joie de vivre ne cesse de tourner sur notre platine et vient nous mettre un peu de baume au coeur : Idées Choc & Propos Chic des formidables Dadds.
Repérés il y a quelques années grâce à leur reprise enthousiamante de “You’re Gonna Miss Me” des 13th Floor Elevators (traduit brillamment en “Je vais te manquer“), The Dadds de Saint-Lô sont des excellents musiciens qui maîtrisent à la perfection le genre garage-rock sixties. Leurs morceaux se parent de tout ce qui rend le genre si attrayant : farfisa , fuzz , basse mélodique, énergie communicative.
Sur son deuxième album, le groupe confirme son choix du chant en français, ce qui donne à ses morceaux un parfum proche des fantastiques compilations Psychegaelic. On retrouve chez les Dadds la même folie que chez des Zorgones et autres 5 Gentlemen. Les textes de François T. sont souvent drôles et percutants grâce à un sens de la formule qui sied parfaitement au genre, et à une diction sarcastique à la Jacques Dutronc.
Les jeux de mots foireux à la Lanzmann ont fait école chez les Dadds qui en raffolent : “Lâchez donc votre sexe à pile et goutez donc notre sex appeal » sur ce “Sexe à pile” digne des Seeds ou “Mais dites-moi vieux bab’, qu’est-ce donc que ce baobab ? » sur la lancinante “London Eye” en témoignent. Le fait que ces morceaux soient dotés de mélodies imparables ne gâche rien. Les passages mémorables et les formules percutantes sont nombreux, telle l’ouverture “C’est bien trop triste de travailler / j’aime mieux les terrasses des cafés » qui fait merveille sur “Les filles, le jerk, & les motos”. Le morceau est basé sur un dialogue entre le chanteur et une voix moralisatrice qui tente d’en étouffer l’insouciance. “Un jour tu vas payer”, dit-elle. “Oh ce jour-là, je serai mort, je n’aurai donc aucun remords » répond le chanteur sûr de son fait, avant d’énumérer ses lubies : “Les filles, le jerk & les motos, moi j’en suis complètement dingo » . Texte absurde, sens de la formule, mélodie accrocheuse, farfisa tournoyant et joie de vivre : l’évidence pop résumée en 3 minutes.
Beaucoup de morceaux traitent du thème de l’enfance, de l’école (“Donne-moi ton carnet”, le séjour linguistique de “Ibère hiatus”, l’explication de vie jouissive de “Le bel incompris”), et de l’hédonisme érigé comme seul style de vie envisageable (“Les filles, le jerk & les motos”, “Comme quoi parfois la démographie”) ce qui donne une fraîcheur à l’ensemble et tend à rapprocher un peu plus le groupe de ses illustres modèles sixties. En évitant les clichés rock’n’roll et en jouant la carte de l’authenticité, The Dadds font mouche. Leur érudition n’a d’égal que leur talent, les références nombreuses (un clin d’œil à Jacqueline Taieb par ci, un à Benjamin Constant par là, quelques rythmes empruntés à Bo Diddley, et ce “Relis donc le dernier Schelling / Moi je préfère les Pretty Things » qu’on approuve à 100%) ajoutent au charme de cet album qu’on recommande chaudement.
Tracklisting :
- De Musica Mediocrita *
- Comme Quoi Parfois La Démographie…
- Les Filles, Le Jerk & Les Motos *
- Sexe à Pile *
- London Eye *
- L’Amour Avec Fénelon
- Passe-moi Ton Carnet *
- Le Bel Incompris
- Ibère Hiatus
- Are You Waiting For Me ?
L’album sur Bandcamp :
Vidéos :
“Les Filles, Le Jerk & Les Motos”
Vinyle :