(TVT 2006)
Deux ans après leur encourageant The Art Of Rolling, les danois de The Blue Van persistent dans leur créneau rock’n’roll vintage avec un album qui fleure bon l’insouciance sixties. Frais, énergique, traversé par quelques moments de grâce, Dear Independance est une carte postale garage-rock entre Small Faces et Animals qui détonne par rapport à la teinte new wave/post-punk qu’a pris le rock ces derniers temps.
Le point fort de cet album, c’est qu’il transporte, le temps de son écoute, dans un monde peuplé de pattes d’eph, de rouflaquettes, de chemises à pois et de lunettes d’aviateur – une vision idéalisée et romantique du tournant 60s/70s – sans sombrer dans la caricature grotesque. A l’inverse des autres revivalistes qui pastichent leurs idoles sans parvenir à dépasser leurs influences (Jet, Fratellis, et tant d’autres), The Blue Van surprennent tout en ayant recours à des plans qu’on jurerait avoir entendu des centaines de fois. Le riff de “The Odyssey” paraît éculé, mais son utilisation dans un morceau R’n’B old school gorgé d’orgue Hammond et chanté avec un enthousiasme contagieux, est irrésistible. On pourrait dire la même chose pour le groove R’n’B de “Dear Independace” dans lequel la basse et l’orgue se livrent un duel avant de s’enchevêtrer dans un refrain mémorable. Dans le même registre, “Goldmind” et “Rico” pourraient figurer sur le premier album Immédiate des Small Faces et “Elephant Man” sur celui des Shadows Of Night.
Une autre influence majeure de The Blue Van semble aussi être The Zombies auquel un clin d’œil est adressé dans “The Time Is Right” (les paroles “now the time is right/for loving” font écho à “it’s the time of the season/for loving” de “Time Of The Season” dans l’indispensable album Odessey & Oracle de 1968). Par ailleurs, la chanson “Keep Me Running” évoque grandement “She Loves The Way They Love Her” de Colin Blunstone, sortie sur le premier album solo de l’ex-chanteur des Zombies en 1971. On connaît pire comme influences, d’autant que The Blue Van ne font pas dans le mauvais pastiche et ont véritablement franchi un cap depuis The Art Of Rolling : leur nouvel album est consistant de bout en bout.
Dear Independance puise aussi sa force dans les nombreux morceaux apaisés que compte l’album, d’une variété appréciable. “The Poet Tree” oscille entre pop californienne sixties et folk-rock façon The Band, “Momentarily Sane” entraîne avec son ambiance saloon, le rythme ternaire de la spirale “Scent Of Season” évoque Van Morrison, “White Dominos” la Super Session d’Al Kooper et Mike Broomfield. La véritable perle ici est sans doute la ballade pop sucrée “Don’t Leave Me Blue” digne de l’écurie Motown, un R’n’B de classe, avec tambourin, carillon et choeurs angéliques.
Dear Independance est la bonne surprise de ce début d”année 2007, un album frais, efficace, sans prétention démesurée. Les scandinaves semblent aujourd’hui être les derniers garants d’un rock garage indépendant, insouciant et anglophile. De tous ces groupes (on pense aux Jessica Fletchers, Mando Diao, …), The Blue Van sont les plus doués, et de loin les meilleurs à voir en concert.
Tracklisting :
- The Odyssey *
- Don’t Leave Me Blue *
- Independence *
- The Poet Tree
- Goldmind *
- Momentarily Sane
- The Scent Of Seasons
- The Time Is Right
- Keep Me Running
- Elephant Man
- Rico
- White Dominos