(Heavenly 2006)
Même les fans n’y croyaient plus, et pourtant l’impensable est arrivé : les Vines sortent un nouvel album… excellent de surcroît. La dernière chose à laquelle on s’attendait en ce début d’année.
Les Vines avaient superbement explosé en 2004 avec un album imparfait qui se terminait sur un “Fuck The World” rageur et un chanteur pétant sévèrement les plombs en public. Un diagnostic médical révéla alors ce que tout le monde suspectait; Craig Nicholls était atteint d’une forme d’autisme. Prescription : pilules roses pour calmer l’animal, on arrête la fumette et surtout interdiction de remonter sur scène.
Morts et enterrés, les Vines? Sûrement pas. Il a toujours été clair qu’un des motifs principaux de l’extrême fragilité de Nicholls était l’angoisse de ne pouvoir enregistrer toutes les chansons qu’il avait en tête à cause du rythme harassant des tournées, la peur de les oublier. La situation est désormais idéale pour lui. Avec l’argent de ses millions d’albums vendus et une maison de disque aux soins pour son petit génie, le chanteur peut écrire sans pression et se consacrer à son bien-être. Cette liberté totale a porté ses fruits. Vision Valley est le son d’un groupe retrouvé et rivalise en tous points avec Highly Evolved, le disque qui avait propulsé les Vines au sommet en 2002.
En moins d’une demi-heure, le groupe propose 13 morceaux équilibrés, oscillant comme à son habitude entre grunge lourd (“Anysound”, “Nothin’s Comin'”, “Fuck Yeh”), ballades pop convaincantes (“Vision Valley”) et fantaisies acoustiques délicates (“Going Gone”). Plusieurs morceaux sortent du lot. On parle là des singles évidemment. “Gross Out” justifie l’existence même de ce disque en 78 secondes parfaites d’agressivité punk. Et si le son policé de “Don’t Listen To The Radio” irrite au début, l’évidence de la mélodie empêche ensuite toute velléité de résistance. Dans un autre registre, “Candy Daze” rappelle pourquoi les plus enthousiastes se risquaient à citer les Beatles comme point de comparaison avec les Vines. Ce morceau magnifique est porté par un orgue sixties lui donnant un côté Nuggets. Autre excellent morceau, “Dope Train” révèle le groupe sous son meilleur jour noisy.
Evidemment, cet album possède les défauts de ses prédécesseurs. Si on n’aime pas le son grunge de ce groupe traumatisé par Nirvana ni les ballades powerpop, on peut passer son tour. Vision Valley ravira surtout ceux qui avaient adoré Highly Evolved et ceux qui ne se sont toujours pas remis du décès de Kurt Cobain (en général ce sont les mêmes personnes).
On ne peut pas dire que le son des Vines ait évolué et que cet album représente un grand pas en avant. Au contraire même, l’application de vieilles recettes semble fonctionner à plein régime chez Craig Nicholls, auteur de trois albums au profils identiques. A vrai dire, on s’en fout. L’heure n’est pas encore à l’expérimentation pour un groupe convalescent qui vient de renaître de ses cendres de façon inespérée.
Les Vines n’ont jamais été le meilleur groupe du monde et ne le serons sans doute jamais. Réjouissons-nous simplement de leur existence et du fait qu’ils soient encore capables de produire une musique de qualité, c’est le plus important.
Tracklisting :
- Anysound *
- Nothin’s Comin’
- Candy Daze *
- Vision Valley
- Don’t Listen To The Radio
- Gross Out *
- Take Me Back
- Going Gone
- Fuk Yeh
- Futuretarded
- Dope Train
- Atmos
- Spaceship
L’album est en écoute sur Deezer
Vidéos :
“Don’t Listen To The Radio”