(Enregistrement live le 15/08/2003)
Enregistré sur un quatre-pistes dans la cave du batteur Marc Fellis, Supercuts est un disque composé de sept morceaux issus du 2ème album « officiel » du groupe (The GO, sorti en 2003), de deux reprises (de Heart et de The Teardrop Explodes) et d’une chanson inédite. Avec ces nouveaux enregistrements, le groupe poursuit son élaboration d’une discographie compliquée : Free Electricity, qui devait être leur deuxième album, a été refusé (en 2001, par leur label Sub Pop), et n’a donc jamais été édité ; The GO est finalement sorti, quatre ans après Whatcha Doin’. Supercuts a été pressé à 500 exemplaires (vinyle), et reste disponible (en mp3) en téléchargement gratuit.
Ce disque est d’une qualité prodigieuse, alternant ballades et morceaux rock avec une facilité déconcertante. « Try a little harder », « Linda, we’re in trouble » et « Ain’t that bad » conferment la capacité du groupe à jouer de grands morceaux rock’n’roll : les riffs sont simples et implacables, les voix sont soignées (sur « Try a little harder », les chœurs arrivent d’un côté, puis de l’autre, pour appuyer le chant de Bobby Harlow). « Ain’t that bad » et « Linda, we’re in trouble » possèdent une assise rythmique imparable : le groupe sonne juste, et les morceaux, même enregistrés dans des conditions live minimales, conservent une classe impressionnante. « He’s been lying » possède une ligne de basse rassérénante qu’accompagnent des voix de fausset en intro (et pendant les refrains) ; quant aux guitares, elles sont précises et sobres sur cette ballade efficace. « Straight On » est un morceau du groupe américain Heart, repris de façon parfaite : le groupe s’approprie à merveille la chanson, qui a parfaitement sa place dans ce disque, au milieu des compositions du groupe. Cette dernière remarque est également valable pour « Sleeping Gas », la reprise de The Teardrop Explodes (un groupe britannique formé par Julian Cope). Comme lors de leurs enregistrements de « Bubblegum » et « A girl named Sandoz » (des morceaux restés inédits, mais disponibles en écoute sur Internet), le groupe se montre aussi à l’aise sur les reprises que sur les compositions signées Krautner/Harlow
« Games » est un véritable morceau de bravoure, chanté de façon conjointe par Bobby Harlow et John Krautner. La version mp3 ne rend malheureusement pas justice au phénomène étrange qui se produit sur cette chanson ; à l’écoute du vinyle, la voix de Krautner est à gauche, celle de Harlow à droite, et que si Harlow chante, on se rend compte que Krautner récite les paroles de la chanson, et que sa voix déraille à de nombreuses reprises. Le mélange des deux voix est cependant magistral, et « Games » est l’un des meilleurs morceaux du disque. Sur la version mp3, la voix de Bobby Harlow est nettement au premier plan, sauf sur les premières secondes « Into the darkness I walk alone, girl » (si vous avez du temps à perdre, vous pouvez vérifier).
« Love, and if we try » est une ballade délicate, tout comme l’élégante « Come back », placée en fin de disque, sur laquelle le groupe organise autour du chant de Bobby Harlow une structure posée : le morceau permet d’apprécier tour à tour des guitares enchevêtrées, une basse (une fois de plus) monumentale et chaleureuse, et des voix qui se croisent et se rejoignent. Le jeu de batterie est ici discret, mais Marc Fellis s’affirme définitivement avec ce disque comme un grand batteur rock : son jeu est exceptionnel d’un bout à l’autre de ce disque.
Supercuts prouve qu’à notre époque, The GO sont le rock’n’roll. Pas de gloire ni de fortune pour les membres de ce groupe, qui démontre (en une journée, dix chansons et une classe éclatante) que le rock est plus qu’un moyen pour les maisons de disques de remplir leurs caisses.
Liste des chansons1 :
1. Growd Up Wrong *
2. Try a little harder *
3. He’s been lying *
4. Linda, we’re in trouble
5. Straight On *
6. Games
7. Ain’t That Bad
8. Love, and if we try *
9. Sleeping Gas
10. Come Back *
1Les chansons 1; 3; 4; 6; 7; 8 et 10 sont sorties pour la première fois en disque sur The GO (2003). « Love, and if we try » était placée en fin d’album, après « I got it ».
Vinyle :