(Cooking Vinyl 2008)
Propulsés en 2002 par toute la presse rock parmi les potentiels “sauveurs du rock”, The Datsuns mènent depuis une carrière honorable, bien que plutôt anonyme. En ces temps où le rock’n’roll ne fait plus recette, les Datsuns ne suscitent que peu d’intérêt. Il serait pourtant dommage de passer à côté de leurs albums dont la qualité ne s’étiole pas.
Head Stunts, dont le titre est un anagramme du nom du groupe, repose sur les mêmes bases que ses prédécesseurs : guitares lourdes, énergie punk et poses hard-rock. A cela s’ajoute désormais un penchant certain pour l’exploration de nouveaux domaines qu’on avait déjà senti dans Smoke & Mirrors. Après de multiples écoutes de Head Stunts, une question nous hante : s’agirait-il de leur meilleur album ?
Commençons par ce qui fâche. Le problème des Datsuns en 2008 demeure que la plupart de leurs morceaux sont souvent prévisibles. “Yeah, Yeah, Just Another Mistake” est une redite (pas forcément mauvaise) de “Sittin’ Pretty”, tout comme “Human Error” qui ne propose rien de surprenant pour l’auditeur habitué à la formule Datsuns. Par ailleurs, “So Long” paraît étrangement familière, avec son riff qui s’inspire grandement de “You Got My Number” des Undertones. L’énergie rock’n’roll est là, mais les Datsuns, quand ils ne sortent pas des sentiers battus, tournent à l’ordinaire.
Le groupe s’exprime mieux aujourd’hui dans ce registre mi-folk, mi-garage qu’il avait déjà exploré dans l’album précédent avec “Stuck Here For Days” et surtout “Waiting For Your Time To Come”. Head Stunts propose plusieurs morceaux de cet acabit, comme ce “Ready, Set, Go!” qui emprunte une rythmique folk à la “Paint It Black” et propose de réjouissants éclairs de fuzz. Ils s’éloignent ainsi de plus en plus de leurs racines hard-rock, même si Christian Datsun reste toujours aussi bavard (et irritant) dans ses solos.
Les Datsuns, après avoir joué la carte du gros son hard-rock sur leur deuxième album en 2004, tentent sur Head Stunts un retour au rock garage sale et bruyant. Ces morceaux au son léché (fuzz, hammond) bénéficient de l’expertise des Datsuns pour balancer du rock’n’roll et des riffs efficaces. Si “Hey! Paranoid People!” n’est pas le morceau de l’année, sa mélodie reste sacrément en tête, tout comme celle de “Cruel Cruel Fate”. En milieu de face B, le doublé “Highschool Hoodrums” / “Cry Crybaby” montre les Datsuns à l’aise et incroyablement efficaces dans un registre proche des Dirtbombs de Dangerous Magical Noise.
Si tous ces morceaux sont très bons, les deux grands moments de l’album se situent en fin de chaque face vinyle. En fin de face A, “Eye On The Needle” apporte un changement qui fait voler en éclat toutes nos préconceptions au sujet des Datsuns. On y entend le groupe s’aventurer dans une sorte de krautrock planant où le nouveau batteur (qu’il conviendra d’appeler BenDatsun) mène la danse. En fin de face B, les Datsuns tentent un morceau de 8 minutes dans lequel on entend un Christian Datsun totalement décomplexé du solo. Autour d’un riff de basse répétitif, le groupe y dévoile son goût pour les formes les plus planantes du rock des années 70 et sort définitivement de l’image de groupe hard-rock crétin qu’on lui a affublé à ses débuts. On ne sait si ces morceaux représentent la voie à suivre pour les Datsuns, mais ils donnent envie qu’on les réécoute, c’est le plus important.
Tracklisting :
1. Human Error *
2. Hey, Paranoid People! (What’s In Your Head)
3. Your Bones
4. Ready, Set, Go! *
5. Yeah, Yeah, Just Another Mistake
6. Eye Of The Needle *
7. So Long
8. Cruel Cruel Fate
9. Highschool Hoodlums *
10. Cry Crybaby *
11. Pity Pity Please
12. Somebody Better *
Vidéos
“Cruel Cruel Fate”
“Highschool Hoodlums”