Depuis qu’ils ont foiré de manière spectaculaire leur second album et enterré définitivement tout rêve de gloire, The Datsuns mènent la carrière tranquille d’un groupe de seconde division. Les albums s’enchaînent, toujours compétents et menés par un ou deux morceaux spectaculaires, mais fatalement décevants car on n’y retrouve que trop rarement la foi indéfectible et l’exubérance crétine de baffes hard-rock telles que “Motherfucker From Hell”. Death Rattle Boogie pourra-t-il y changer quelque chose ?
Ecartés des majors depuis belle lurette, le quatuor kiwi qui fête ces jours-ci les 10 ans de la sortie de son premier album, s’est égaré à un moment de son histoire dans une sophistication qui ne lui seyait guère et peine à retrouver son mojo. L’option prise pour Death Rattle Boogie est celle du repli. L’album, enregistré dans le studio de Dolf de Datsun en Suède et supervisé par Nicke Andersson des regrettés Hellacopters, marque un retour à l’énergie brute.
Dès l’ouverture “Gods Are Bored”, le groupe propose un boogie lourd et visqueux propulsé par un refrain idéal à brailler au milieu d’un pogo. C’est clairement ce qu’on attendait des Datsuns depuis leurs débuts, d’autant que le groupe remet une seconde couche avec “Gold Halo” et son hénaurme riff de guitare, aussi frénétique que dénué de complexe. Les Datsuns ne sont clairement pas là pour faire dans la ballade folk-rock comme sur Smoke & Mirrors. C’est un retour au sources, à la brutalité des débuts, mais qui s’accompagne néanmoins de petites touches stylistiques bienvenues, comme ce clavier qui apparaît sur quelques titres.
Malheureusement, il s’avère rapidement que cette belle énergie masque la présence de grands morceaux. L’album contient son lot de morceaux de remplissage (à l’image du boogie pataud de “Bullseye”) et en cherche en vain le riff perçant, le cri de ralliement gagnant, le panache cher aux Datsuns. On croise quelques mélodies plaisantes (“Helping Hands”), des passages s’apparentant à de la powerpop stéroïdée (“Skull Full Of Bone”) ou a du stoner mal fagoté (“Shadow Looms Large”) mais trop rarement des morceaux suscitant un enthousiasme entier et immédiat (citons toutefois “Colour Of The Moon” et ses éclairs de fuzz en fin d’album). Le groupe passe même du mauvais du classic-rock sur “Goodbye Ghosts”, preuve que le gouffre n’est pas loin.
Voici l’état des Datsuns en 2012 : le groupe est plein de vigueur mais le moteur tourne souvent à vide. Il y a de l’énergie, du bruit, mais trop peu de chansons pour faire de ce Death Rattle Boogie un album marquant. Au contraire, on sent chez le groupe comme un odeur de fin de règne, comme un dernier sursaut avant la fin. On espère se tromper, d’autant que les Datsuns sont toujours une magnifique machine sur scène.
Tracklisting
- Gods Are Bored *
- Gold Halo *
- Axethrower
- Bullseye
- Skull Full Of Bone
- Shadows Loom Large
- Wander The Night
- Helping Hands
- Hole In Your Head
- Fools Gold
- Goodbye Ghosts
- Colour of The Moon *
- Brain Tonic
- Death of Me
Vidéos
“Gods Are Bored”
“Gold Halo”