(Cobra Records 2007)
Ce disque est malheureusement le seul qu’ait sorti cet improbable groupe venu de Suède. Attiré par le nom de ce groupe (note approximative destinée aux vraiment nuls en anglais : the coffinshakers signifie « les secoueurs de cercueil »), l’amateur de rock averti s’était attardé un instant sur les titres des morceaux, qui forment un ensemble aussi réjouissant que la filmographie de Peter Cushing et Christopher Lee. Convaincus par un tel débordement de jusqu’au-boutisme crétin ou séduit par une esthétique gothique bon marché, l’esthète curieux et l’adolescent dépressif à tendances suicidaires auront la même réaction : celle de se lancer sans plus attendre dans l’écoute impatiente et fébrile de l’album.
Dès les premières secondes d’écoute, on pressent que le groupe va réussir son improbable pari de convoquer diverses influences dans ce voyage au bout du cimetière : la voix sépulcrale du chanteur, nimbée d’un écho qui la met en valeur, domine nettement la musique sur la plupart des morceaux. Les paroles sont aussi réjouissantes que les titres des chansons le laissaient espérer : des histoires de vampires sur le retour, des fantômes post-vespéraux, des malédictions diverses, de visites de cimetières et d’autres réjouissances du même genre. A remarquer parmi ces textes, l’intégralité de « Return of the Vampire », puis (notamment) les lignes « The power of Darkness descends and so another life ends (…) Beware the departure of Sunlight… » (sur « Phantoms of the Night ») ; et enfin l’ouverture géniale de « Last Night Down by the Grave » : « Last night your shadow fell upon my mind / Awaking memories I thought I’d left behind / I had to see if you where still where you used to lay / Last night I went down by your grave ».
Côté musical, la rythmique est assurée par une frappe classique « tchick-a-boom » de batterie, qui rappelle les premières heures du rock’n’roll et ses influences country… On pense plus d’une fois à la rythmique caractéristique des productions des studios Sun – Charlie Rich, Elvis Presley, Johnny Cash, etc. Les quelques solos de guitare que l’on peut entendre sur ce disque doivent également beaucoup à ce style « early southern rock » et à ses précurseurs, qui ont permis la naissance du rockabilly (Luther et Carl Perkins, puis Link Wray).
La force des Coffinshakers est d’associer l’imagerie surexploitée (vampires, morts plus ou moins vivants et malédictions en tous genres, citation biblique classique) et des moyens éculés au niveau de la production musicale : en plus du travail sur la voix du chanteur, le disque propose un bel assortiment d’habillages sonores, depuis les chœurs féminins éthérés (« Phantoms of the Night ») jusqu’à l’inévitable bruit du vent entre les tombes (« Necromancy »). Le disque va au bout de sa logique, ce qui n’est pas surprenant : le groupe a sorti plusieurs EP en édition limitée à … 666 exemplaires. Depuis 2007, il est probable que The Coffinshakers ont dû visiter de nombreux cimetières ; malheureusement ils n’en ont pas encore tiré un nouveau LP, et il nous faut pour l’instant nous contenter de ce disque entraînant et crétin.
Liste des chansons :
- Phantoms of the Night *
- Return of the Vampire *
- Last Night Down by the Grave
- Necromancy
- Evil
- Curse of the Mummy’s tomb *
- Walpurgis Night
- Voodoo Woman *
- From Here to Hell
- King of the Night
- The Coffinshakers’ Theme
- Transylvania
Vidéos :
“Last Night Down By The Grave”