(disponible en téléchargement, 2007)
On a téléchargé l’album de Radiohead. Pour rien, nada, zéro. Pas qu’on soit content de l’avoir eu à peu de frais, mais comme vous le savez sans doute, on milite pour le vinyle. On achètera donc In Rainbows s’il est issu à moins de 400 balles, ou en CD si l’objet en vaut la peine (comme le livre d’Amnesiac ou le plan de Hail To The Thief). Que le groupe l’offre ou pas, ça ne change pas grand-chose pour nous à vrai dire. En général, on télécharge et on fait le tri après : si ça vaut le coup on achète, sinon, poubelle. C’est pour cela que les majors râlent : elles ont du mal à vendre leur daube aujourd’hui. Avant on achetait l’album et on était déçu. Aujourd’hui, on est déçu alors on n’achète pas… Il devient de plus en plus difficile d’entuber les gens de bonne foi.
On sait ce soir deux choses de plus que ce matin : 1. Radiohead comptent encore aujourd’hui. 2. On va acheter In Rainbows à sortie en janvier en vinyle (ne serait-ce que pour l’écouter avec un son potable). La première écoute suffit à s’en persuader. On avait oublié à quel point on aimait l’univers éthéré de Radiohead, il fait dire qu’OK Computer est sorti il y a tellement longtemps qu’on a aujourd’hui l’impression que c’était dans une autre vie. On y retourne avec plaisir, un peu honteux de l’avoir négligé ces derniers temps. Dans In Rainbows, rien ne change vraiment mais tout est différent à chaque fois, comme chez Robert Wyatt. Radiohead possèdent un son, une ambiance, un monde même, qui leur est propre, dont eux seuls possèdent la formule.
Le morceau d’ouverture, “15 Step” montre le groupe au meilleur de sa forme. Sûr de sa force, le groupe lance une rythmique synthétique qui avance paisiblement et sur laquelle les éléments s’empilent tranquillement. L’arrivée de la guitare est jubilatoire, et ouvre la porte à une mélodie qui se déploie avec majesté. Le début d’album est magistral, dans la veine du meilleur du groupe. “Bodysnatcher” avec son riff qui tourne et ses ondes martenot très Kid A, la fragilité de “Nude”
Malheureusement, après 20 minutes d’écoute, on commence à ressentir une certaine lassitude. On a entendu ça et là certains se plaindre que Radiohead se répète, Rock&Folk a même affirmé “Radiohead a perdu son avance”. Ces gars-là devraient plus souvent écouter Liars ou The Warlocks, des groupes qui se mettent réellement en danger à chaque album. Depuis Kid A, Radiohead surprend finalement assez peu. Si la plupart des gens ont mis trois albums pour encaisser le passage de l’univers prog-rock-Jeff Buckley-futuriste d’ OK Computer à celui krautrock et électronique de Kid A, il est tout de même un peu tard pour déclamer que Radiohead évolue peu. Ce qu’il y a d’appréciable avec In Rainbows, c’est de retrouver cet univers familier de Radiohead, un univers propre à eux, affranchi des influences extérieures contemporaines, reconnaissable dès les premières mesures. Ils sont quand même toujours au dessus de la moyenne (plutôt basse en ce moment après un début d’année 2007 fulgurant) et leur talent d’écriture existe toujours, quoi qu’intermittent sur cet album. Avec des morceaux comme “15 Step”, “Faust Arp” ou “Jigsaw Falling Into Place”, le groupe démontre qu’il n’a rien perdu de son savoir-faire. Un demi-succès donc.
On ne s’attardera pas trop sur le procédé utilisé pour la sortie de l’album, qui finalement occulte le débat le plus important (l’album est-il bon?). On pense juste à ceux qui, par bonne conscience, on dépensé 15€ pour avoir un demi-album, sans pochette ni rien, avec une qualité sonore moyenne (160kbps, soit encore moins bonne que le format cd !). La deuxième partie de l’album devrait sortir le 1er janvier 2008. A ce moment là on pourra vraiment dire si le groupe s’est foutu de nous. S’il s’agit d’une collection de faces B sans intérêt, Radiohead redescendra de son piédestal et on se félicitera d’avoir téléchargé l’album sans payer. Si le deuxième disque attendu est vraiment meilleur (et on l’espère) et qu’il devient indispensable de se le procurer, alors les téléchargeurs payants auront été les dindons de la farce, mais on aura retrouvé la foi en Thom Yorke et ses sbires.
Tracklisting :
1. 15 Step *
2. Bodysnatchers *
3. Nude
4. Weird Fishes/Arpeggi
5. All I Need
6. Faust Arp *
7. Reckoner
8. House of Cards
9. Jigsaw Falling into Place *
10. Videotape
Vidéos :