CLOR – Clor

Very good stuff

(EMI 2005)

Parmi la vague de clones qui déferle sur la scène rock indépendante britannique, l’originalité est une denrée plutôt rare. Pour perdurer, il faut posséder un son particulier, une marque de fabrique immédiate qui sort de l’ordinaire, un gimmick gagnant. Ca paraît évident mais la survie est à ce prix. Les anglais de Clor possèdent indubitablement ce truc unique. On reconnaît instantanément une chanson du groupe – bonne comme mauvaise d’ailleurs. Voix de canard étranglé sur rythmique synthétique blip blip : voilà les éléments distinctifs de la formule Clor.

Une fois passé l’indispensable temps d’adaptation au non-chant et au son bancal foutraque du groupe – le cerveau est clairement désorienté par cette cacophonie d’idées balancées à la gueule de l’auditeur sans avertissement préalable – l’évidence du génie du groupe ne fait rapidement aucun doute. La pop dansante de Clor dresse un pont entre les pionniers électroniques allemands des années 70 (les inévitables Kraftwerk, Neu!) et leur côté cheap au son rock lo-fi des années 2000, nourri au biberon de groupes électro-pop 80s tels que XTC (la pochette en est l’illustration).

A l’instar de Franz Ferdinand, le groupe semble s’être donné pour objectif de faire danser les filles. Leur album est un pousse-au-crime qui invite à se couvrir de ridicule sur les dancefloors et se déhancher de façon malsaine comme sur la vidéo de “Love + Pain”. Ce morceau révèle d’ailleurs le groupe dans toute sa splendeur binaire et demeure ce que Clor a fait de mieux à ce jour. Dans le même genre dansant déjanté, “Outlines” et son synthé joué à un doigt, “Good Stuff” dont le clip montre un batteur alors qu’on jurerait entendre une boite à rythme saturée, “Stuck In A Tight Spot”, à la rythmique chaloupée, et l’odyssée synthétique d'”Hearts On Fire” sont des chefs d’œuvre du genre.

Adaptant ses obsessions électroniques à ses influences diverses, le groupe tient par ailleurs à démontrer que son répertoire ne se limite pas à un seul type de chanson. Si “Magic Touch” sonne comme du mauvais Prince (pléonasme), le groupe propose avec “Gifted” et “Dangerzone” une paire de ballades électro-folk convaincantes mais s’égare dans des expérimentations pénibles en fin d’album (les 4 derniers morceaux). On imagine aisément que leur maison de disques a imposé un track-listing consistant à mettre les meilleures pistes au début et achever le disque avec du remplissage…

Pour cette magnifique face A qui déroute les sens, ce disque mérite d’être acheté et chéri. Clor ont le regard tourné vers l’avenir et proposent avec ce disque ambitieux un voyage vers l’inconnu, transcendant ses influences pour créer quelque chose de véritablement original, ce que peu de monde accomplit aujourd’hui. Le monde ne semble pas encore prêt pour eux… mais Clor s’en moque : le groupe enregistre déjà son second opus. On piaffe d’impatience

 

 

Tracklisting :

  1. Good Stuff *
  2. Outlines
  3. Love + Pain *
  4. Hearts on Fire *
  5. Gifted
  6. Stuck in a Tight Spot *
  7. Dangerzone
  8. Magic Touch
  9. Making You All Mine
  10. Garden of Love
  11. Goodbye

L’album sur Deezer : www.deezer.com/en/music/result/all/clor#music/clor/clor-301246

 

Vidéos :

“Love + Pain”

 
“Outlines”
 
 
“Good Stuff”
 
 

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