THE BLACK KEYS – Brothers

No going back…

(Nonesuch 2010)

La pochette de l’album l’annonce de façon à peine codée : cet album marque un changement dans la carrière du groupe. L’esthétique reprend fidèlement celle de l’album de Howlin’ Wolf sorti en 1969 (« This Is Howlin’ Wolf’s new album. He doesn’t like it. (…) »). Brothers paraît deux ans après Attack & Release, l’album produit par Dangermouse qui leur a valu le plus grand succès de leur carrière. L’année suivante (2009, donc) avait vu la sortie d’un album solo de Dan Auerbach (Keep it Hid), d’un projet hybride avec de grosses pointures du hip-hop (Blackroc) et d’un projet parallèle pour Patrick Carney (Drummer).  

Si la chronique de cet album a autant tardé, alors que les Black Keys sont un des groupes les plus intéressants à suivre, c’est que Brothers, qu’on le veuille ou non, pose problème. Sur les quinze pistes que propose ce disque, Auerbach et Carney paraissent à des années-lumière de The Big Come Up. La marque de fabrique du groupe était de combiner l’immédiateté d’un riff de guitare blues et un jeu de batterie sauvage. Les nombreuses sorties d’albums produits par Auerbach (principalement sur le label Alive Records), que nous avons relayées en ces lieux, avaient permis de voir que les influences musicales du groupe ne se résumait pas aux artistes classiques et aux oubliés du Blues.

Enregistré quasi-intégralement dans les studios Muscle Shoals, en Alabama, Brothers bénéficie d’une instrumentation riche et soignée. Après les premières pistes, très proches de celles d’Attack & Release (« Everlasting Light», « Next Girl », «Howlin’ For you »…), le groupe se lance dans des compositions plus aventureuses, laissant libre cours à des élans inattendus et parfois impudiques (« I’m not the one »). La primauté est ici le groove, la rythmique entêtante est construite de façon précise par un jeu de basse ample et bondissant, alors que la batterie se concentre de façon appliquée à clore parfaitement la structure des morceaux. De fait, ce disque transpire la Soul, et la plupart de ses morceaux sont marqués par une interprétation très personnelle et une certaine mélancolie. L’ambiance musicale de la deuxième partie du disque traduit parfaitement bien l’état d’esprit du groupe, ouvertement mélancolique.

Brothers se démarque de ses prédécesseurs en traitant des aspects variés de la musique pop. De plus sa longueur, inhabituelle pour un album (plus de cinquante-cinq minutes) impose à l’auditeur des écoutes attentives et répétées. Le propos du groupe, s’il a changé de moyens de façon spectaculaire, n’a pas perdu en pertinence.

 

 

Liste des chansons :

  1. Everlasting light *
  2. Next girl *
  3. Tighten up *
  4. Howlin’ for you
  5. She’s long gone
  6. Black Mud
  7. The Only one *
  8. Too afraid to love you
  9. Ten Cent pistol *
  10. Sinister Kid
  11. The go-getter
  12. I’m not the one *
  13. Unknown Brother
  14. Never give you up
  15. These days

 

Vidéo :

“Tighten Up”

 
“Next Girl”
 

 

Vinyle : 

The Black Keys - Brothers

 

  1. A la première écoute, bof pas vraiment… D’où le “problème” soulevé par cette chronique ?

    J’en suis à ma 4/5ème écoute et je commence, par moments, à me dire que c’est un super disque…

  2. J’ai pas très bien compris si vous aimiez l’album au final…

    La chronique est bien, et juste, parce que l’album est surprenant, mais pour ma part je dirais qu’un groupe qui arrive à évoluer dans le bon sens et qui en plus commence à être par le grand
    public, tout en conservant la rigueur artistique de ses début, c’est assez rare pour être souligné!

    Sans être génial (mais “The big come up” n’avait rien de génial non plus excusez moi…) cet album est très bon et The Black Keys parviennent à continuer à jouer le blues, la musique qu’ils
    aiment (et que nous aimons) sans se vendre non plus.

    Bien joué! 

  3. excellent album, il peut s’écouter à n’importe quel moment de la journée, du mois ou de l’année, n’importe où et n’importe comment. ce disque est d’une telle classe qu’il va tourner un long
    moment.  

  4. “La primaute ici est le groove” : je pense que c’est effectivement ce qui résume le mieux ce Brothers qui marque pour moi une sacré révolution dans le son du groupe.

    J’étais curieux de lire ta chronique après la mise en bouche de celle parue dans R&F.

    En tout cas les Black Keys ne semblent jamais décevoir… (à la différence des 22-20’s)

  5. Une démarche intéressante, puisqu’on est plus près de la pop-rock que du blues par moment… après un bon démarrage, je note un creux assez important, avant une reprise grâce aux titres Unknown
    Brother et Never gonna give you up.


    Avec quelques semaines de recul, Brothers est une semi-déception, pour moi…


    SysT

  6. Certainement mesquin de relever ça, mais je trouve ce disque un peu cher pour un groupe censé promouvoir une certaine éthique de la musique.

    18euros le CD et 26 le vinyle chez Gibert, alors que le dernier CD de Kula Shaker est à 12, et n’importe quel LP sur Alive Records à 13 (pas spécialement des disques faciles à trouver vous
    en conviendrez)… Ben ça m’irrite.

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