(Jagjaguwar 2010)
Présenté par le groupe comme leur véritable premier album, Steeple est en réalité le deuxième LP sorti par ce groupe : l’excellent Tidings, paru en début d’année 2010, était une compilation d’enregistrements réalisés depuis quelques années. Dès le premier morceau de ce disque, « Silbury Sands », le groupe dévoile clairement son style : cette chanson est composée par plusieurs moments très variés, dont le seul fil conducteur est une parfaite maîtrise des instruments et des structures de leurs chansons.
Par rapport à Tidings, le jeu de guitare s’affirme encore peu plus clairement dans le style des premières années de la décennie 1970… L’ensemble de l’album est par ailleurs plus marqué par la guitare que sur le précédent disque de Wolf People. Quelques évidentes réminiscences de Jethro Tull pour l’intro de « Tiny Circles » finissent de placer l’auditeur enterritoire musical connu (quelque part en Angleterre, entre 1969 et… 1972) Wolf People est un groupe qui se permet tout : leurs morceaux sont longs et possèdent des riffs de guitare heavy, des envolées lyriques, des soudains changements de rythme et des solos de guitare à faire pâlir d’envie Jimmy Page. Le travail sur les chœurs est énormément soigné (« Silbury Sands », « Banks of Sweet Dundee Pt.2») mais n’apparaît jamais comme laborieux ou empesé. L’impression de facilité est déconcertante, et le groupe paraît véritablement en état de grâce.
Les chansons du début d’album s’organisent autour d’une mélodie relativement simple (un riff de guitare électrique, la plupart du temps), puis se détachent de cette mélodie en incorporant de (très) nombreux autres instruments Le disque contient plusieurs morceaux réellement impressionnants : ainsi, « Morning Born », qui commence par un chant magnifique et poignant, avant de s’échapper dans des voies surprenantes.
Point d’orgue de l’album, « One by one from Dorney Reach » est un grand morceau sur lequel semblent se réaliser tous les fantasmes de Led Zeppelin… Sur cette piste, le groupe donne la pleine mesure de son talent sans la moindre hésitation, et parvient à enregistrer un morceau épique : depuis le premier album de Wolfmother, aucun groupe n’était parvenu à saisir le flambeau heavy–psych avec autant d’assurance. Si Wolf People semble plus érudit et plus réfléchi que le groupe australien, et que leur musique est sensiblement différente (pas de hurlements réjouissants sur Steeple, ni de quoi procurer le sentiment jubilatoire de sentir tous les compteurs dans le rouge), le fait qu’ils partagent la même absence de complexe et la même pertinence musicale permet cependant de les rapprocher.
Steeple s’achève dans une ambiance éthérée avec « Banks of Sweet Dundee Pt.1 » et « Banks of Sweet Dundee Pt.2 », où le groupe s’éloigne un peu des bases pour se concentrer sur une approche plus intimiste, dans laquelle il excelle, avant qu’une rythmique implacable ne relance le second morceau. En l’espace de quelques mois, Wolf People a sorti deux disques de très grande qualité, et a redonné vie à une partie du rock anglais qu’on croyait disparue.
Liste des chansons :
- Silbury Sands *
- Tiny Circles *
- Painted Cross
- Morning Born *
- Cromlech
- One by one from Dorney Reach *
- Castle Keep
- Banks of Sweet Dundee Pt.1
- Banks of Sweet Dundee Pt.2 *
Le groupe sur MySpace : www.myspace.com/wolfpeople
Vidéos :
“Tiny Circles”