(Jagjaguwar 2010)
Premier album paru en début d’année par ce groupe londonien qui aime à mêler des influences très différentes sur leurs compositions, ce premier LP n’est pas le fruit d’une ou deux sessions en studio, mais regroupe des enregistrements relativement espacés dans le temps.
Une possible conséquence de cette réalisation est la diversité des morceaux regroupés : faire la liste des influences qui ont marqué Wolf People s’avère une entreprise périlleuse. Tidings possède en effet des éléments du rock anglais du début des années 70 – la scène de Canterbury en particulier, mais aussi des aspects de glam (la rythmique de « Empty Heart ») et de folk anglais, les ambiances boogie (le pont de « October Fires »), et des solos de guitares psychédéliques, le tout étant enveloppé de la volonté indéniable de mettre en place un univers sonore unique.
Les interludes improbables au son distendu et maltraité (« Interlude : Scraps ») ou constitués de montages de démos et de discussions en studio (« Interlude : Grandfather ») sont légion dans ce disque, ce qui peut nuire à l’unicité de l’ensemble : l’écoute de l’album exige de l’auditeur une attitude contemplative et parfois bienveillante. Tidings est tout sauf un disque au rythme constant, et il est probable que ces interludes rendent son écoute plus difficile que celle d’un disque pop-rock lambda. Il est cependant important de noter que c’est aussi grâce à ces interludes et à cette organisation d’album syncopée que le groupe parvient a se trouver une place et une identité propres, aux confluences de ces différents styles, ce qui n’est pas la moindre de leurs réussites.
Le groupe fait preuve d’une maîtrise instrumentale nettement au-dessus de la moyenne : si cela n’a jamais été la garantie de qualité d’une chanson, c’est cependant toujours remarquable, et la virtuosité de Wolf People est ici évidente. La profusion d’instruments et les arrangements imaginatifs apportent au disque une nouvelle dimension : l’apparition d’un sitar, de flûtes, d’un harmonica, d’un piano, l’utilisation généreuse de bandes inversées, l’intro de « Storm Cloud »(qui ressemble à une étude pour guitare interprétée par un groupe sous acide) et les chœurs fantastiques sur « October Fires » sont autant d’éléments à mettre au crédit de Wolf People.
Ce groupe possède un talent évident dans la composition, et parvient à réaliser quelques chansons fantastiques :« October Fires », « Black Water » et « Cotton Strands » sont des chansons qui livrent petit à petit leurs incroyables qualités. Ces pistes sont ambitieuses et maîtrisées, et peuvent être mises en parallèle avec celles du trio australien Tame Impala. Le prochain album de Wolf People devrait paraître dans quelques semaines : c’est sans conteste une des sorties les plus attendues de cette automne ; il décidera véritablement du statut du groupe, après ce Tidings parfaitement réussi.
Liste des chansons :
- Season, pt.1
- Black Water *
- Interlude : Plains / Banjoe
- Cotton Strands *
- Circle / Viking / Colours
- Storm Cloud *
- Interlude : Grandfather
- Interlude : Scraps
- October Fires *
- Interlude : Mercy Fragment
- April
- Untitled *
- Interlude : Cotton Fragment
- Empty Heart
- Season, pt.2
Le MySpace du groupe : www.myspace.com/wolfpeople
Vidéos :
“Cotton Strands”
Vinyle :