(Deltasonic 2005)
Dire que cet album était attendu est un euphémisme. Plus que celui des White Stripes, d’Oasis, de Coldplay ou de n’importe qui capable de grattouiller une guitare, The Invisible Invasion est LE disque de ce mois de Juin 2005.
Pourquoi une telle excitation? Parce que The Coral sont le groupe le plus doué, prolifique et novateur de ces dernières années. Avançant au rythme effréné d’un album par an depuis leur excellent début en 2002, les Liverpuldiens ont su se renouveler, voire même se réinventer à chaque nouvelle parution : si le premier album fourre-tout indiquait leur extraordinaire potentiel, le second, Magic & Medicine les révélait maîtres absolus de la ballade folk avant un Nightfreak & The Sons Of Becker garage psychédélique sixties façon HP Lovecraft, West Coast Pop Art Experimental Band et autres Strawberry Alarm Clock. On ne parlera pas de leurs faces B qui doivent faire pleurer le reste de la profession… Qu’allaient-ils nous concoter cette fois-ci?
Les premières critiques annonçaient un album moyen (** dans Q Magazine, *** dans Rock&Folk, 7/10 pour le NME) en deçà des espérances. The Invisible Invasion serait-il le premier faux pas des scousers? Certainement pas. The Coral reviennent ici à un son assez proche de leur premier album éponyme et délivrent encore une ribambelle de mélodies terrassantes. On peut comprendre la déception des critiques des journaux sus-cités car, à vrai dire la première écoute n’est guère convaincante.
Un peu à l’image des disques de Frank Zappa, The Invisible Invasion se révèle entre la cinquième et cinquantième écoute, ce qui est en général bon signe. Un jour, en faisant la vaisselle, vous vous surprendrez en train de siffloter les blip-blips de ce “A Warning To The Curious” que vous’aviez détesté en premier lieu. C’est dans ce domaine que The Coral sont très forts. Toutes les chansons sont accrocheuses, la plupart étant plutôt enlevée, telle la formidable ouverture aux couleurs indiennes, “She Sings The Mourning” ou la tornade de fuzz et d’orgue “The Operator”. Le groupe a même retrouvé le sens du riff qui avait fait la réussite de “Goodbye” avec le génial “Arabian Sand” et un “Something Inside Me” magique.
Lorsque The Coral lève le pied, c’est pour ciseler des ballades qu’eux seuls sont les seuls capables de jouer. “So Long Ago”, le single “In The Morning”, “Far From The Crowd”,”Leaving Today” et l’incroyable final “Late Afternoon” renvoient la concurrence à leurs cahiers d’écoliers. Pour tous ces morceaux formidables, on pardonnera les quelques faux-pas de cet album : “Cripple Crown”, clone de “Secret Kiss” raté ou ce “Come Home” un peu poussif jouant de l’emphase à la Coldplay (peut-être une conséquence de la production de Geoff Barrow et Adrian Utley de Portishead?) ne rendent pas cet album moins bon, ils mettent en valeur la qualité du reste.
Encore un chef d’oeuvre donc que personne n’écoutera en France (comme d’habitude). On en redemande… Grrmbl un an à attendre avant le prochain album. C’est dur.
Tracklisting :
- She Sings The Mourning *
- Cripples Crown
- So Long Ago
- The Operator
- A Warning To The Curious *
- In The Morning *
- Something Inside Of Me *
- Come Home
- Far From The Crowd *
- Leaving Today
- Arabian Sand *
- Late Afternoon *
Vidéos :
“In The Morning”
“Something Inside Of Me”
Vinyle :
La pochette de l’album dessinée par le batteur Ian Skelly est à l’image de l’album, sombre et intrigante.