(Les disques steak / SDZ records ; 2010)
Ce disque est le premier – et restera le seul – disque des Bellas, groupe originaire de Perpignan et qui n’existe plus depuis 2007. Faute d’avoir trouvé un label qui puisse publier leur LP, les Bellas se sont séparés – la moitié du groupe compose aujourd’hui les Liminańas, dont nous avons déjà parlé ici.
A l’automne 2010, deux labels parisiens ont eu la bonne idée de s’associer afin de sortir l’album Belladelic. La présentation diffusée par ces labels nous apprend que les Bellas étaient composés d’anciens membres de groupes de rock de Perpignan des années 1990 – Les Gardiens du Canigou et les Beach Bitches notamment… De fait, Belladelic n’a rien d’un coup d’essai, et ses chansons sont totalement maîtrisées. Le savoir-faire que démontre le groupe est impressionnant : le son est quasiment parfait ; les influences clairement ancrées dans les années soixante et le diptyque garage / freakbeat, en conservant quelques aspects propres à la scène francophone (scène qui, comme on le sait, fut largement ignorée à l’époque). A l’image des premières mesures de guitare de « Drown », qui rappelent instantanément celles de « Sunny Afternoon » des Kinks, les sonorités et les arrangements de cet album sont soignés et témoignent d’une maîtrise parfaite.
Loin de se contenter d’un son et d’une production remarquables, les Bellas font aussi preuve sur cet album d’une belle inspiration. Sur les douze chansons qui composent l’album, deux seulement sont des reprises : « It’s a crying shame », des Cryin’ Shame Gentlemen et « Funnel of Love » signée Wanda Jackson.. Premier point positif : les Bellas rendent justice à ces excellents morceaux peu connus, et les interprètent avec brio. Deuxième point positif : ces reprises s’intègrent parfaitement à l’ensemble du disque, et ne sont pas nécessairement les pistes qui marquent le plus à la première écoute. Belladelic est un album qui parvient à unifier des éléments très divers dans une alchimie musicale réussie : alternant pistes longues et courtes, ambitieuses (« Belladelic », « You got my soul ») ou plus basiques (« Mistrial Blues », « I Dig my time »), ce disque s’écoute sans jamais lasser, et présente une belle variété dans les chants. La plupart d’entre eux sont assurés par les voix féminines et en anglais, mais quelques incursions en français apparaissent, et sont plutôt réussies. Les choeurs et contre-chants sont splendides (« I Love you », « A dream that slips » ), et les solos de trompettes réjouissants (« Drown », « A Dream that slips »)… Tout cela vient s’ajouter à un son rock’n’roll des plus excitants, riche en guitare fuzz et aux solos tranchants… Le mélange est détonnant !
Cependant, Belladelic a quelques défauts, et possède des éléments capables de heurter les goûts de certains (chant un peu hésitant dès les premières mesures de la première chanson), accent français marqué, chant pas transcendant, rimes et scansion scolaires (« Belladelic » : « Je suis la reine de ce ballet cosmique / Dans mon harem, le climat est mystique »)… Cependant, les qualités du disque compensent largement ces quelques faiblesses, et Belladelic est un disque plein de caractère, très attachant et qui rend justice à ce groupe malheureusement disparu. Merci aux Disques steak et à SDZ records d’avoir publié ce disque, et de permettre ainsi aux chansons des Bellas une diffusion qui dépasse le cercle jusqu’alors très restreint des initiés.
Liste des chansons :
- I love you
- Drown *
- Mistrial blues *
- New 186
- A dream that slips
- It’s a crying shame *
- Belladelic
- I dig my time *
- Ego psycho
- Funnel of love
- Sad morning
- You got my soul *
Vidéo :
“Drown”
Vinyle :