UFO – UFO 1

Space-rock

(Beacon 1970)

Classé dans le rayon hard-rock dans les bacs des disquaires, UFO est, à l’image de Deep Purple ou Can, un groupe des années 70 qui a sorti quelques albums dans l’anonymat avant de changer de line-up et de connaître un certain succès.

Parlez d’UFO à un vieux de la vieille, il vous narrera sans doute des histoires de solos de guitare “flashy” tout en évoquant le nom d’un certain Michael Schenker, tout comme un fan de Deep Purple vous parlera de Ritchie Blackmore les yeux embués d’émotion. Schenker oui, comme le mec de Scorpions. Rien d’étonnant à cela, Michael est le frère de Rudolf, guitariste des insupportables arachnides sifflotants. L’association UFO / Scorpions a fait beaucoup de mal à ces premiers, honnête groupe heavy des seventies loin du hard-rock FM de stade des seconds, d’autant qu’à la toute fin des années 60, avant que son guitariste allemand ne le rejoigne, UFO s’est fendu d’une paire d’albums excellents.

Le line-up originel d’UFO est né en 1969 à Londres. A l’origine nommés Hocus Pocus, les musiciens Phil Mogg (chant), Mick Bolton (guitare), Pete Way (basse) et Andy Parker (batterie) ont rapidement pris le nom d’UFO en référence au club underground londonien. Leur premier album, sorti en 1970, représente la face agréable du rock des années 70 et possède tout ce qu’on aime: un léger côté space-rock, des morceaux blues heavy, un batteur qui cogne, une attitude rock’n’roll sans pose, un son sale qu’on qualifierait presque de garage, et surtout de l’énergie à revendre.

Ce qui est intéressant avec UFO1, c’est qu’on y entend un groupe au son affirmé mais qui semble se chercher encore un peu. Le mélange des genres proposé par le groupe le rend surprenant à tous instants, à l’image de la succession des trois premiers morceaux. L’album s’ouvre sur l’éponyme “Unidentified Flying Object”, une intro calme et planante de deux minutes que vient rompre le bien nommé “Boogie For George”, un morceau puissant propulsé par un riff bluesy. Le chant de Mogg est habité, la ligne de basse hypnotique, les solos longs et teigneux, on a droit à une explosion psychédélique de premier ordre. Dans la foulée, le groupe joue une reprise de “C’mon Everybody” d’Eddie Cochran lourde et sale. Le son, moins monolithique que sur la version Blue Cheer, est presque garage, avec une production sans subtilité. En trois morceaux, le groupe a dévoilé trois visages différents. On comprend que le public de l’époque ait pu être décontenancé.

Le reste de l’album continue ce mélange des genres, des blues psychédélique “Shake It About” et “Treade People” à la ballade pop “Melinda” (propulsée par une ligne de basse fantastique). On trouve en face B deux attaques rock’n’roll frontales : “Timothy” et son ouverture qui fait écho à “See Emily Play” de Pink Floyd (“Timothy tries but cannot explain“), ponctuée d’un riff monstrueux. Ça pourrait être le MC5. Dans un registre plus garage, “Follow You Home” recycle le riff de “You Really Got Me” pour en faire un morceau space-rock. La fin d’album est superbe, avec d’abord une reprise de “Who Do You Love” fidèle au classique de Bo Diddley. Moins bavarde que la version Quicksilver, cette piste qui permet au groupe de se lancer dans une transe psychédélique qui trouve son apogée sur la fantastique “Evil”, ultime morceau d’un excellent premier album.

Cette mouture d’UFO enregistrera un deuxième album studio en 1971 nommé Flying. Ce projet délirant – dont la face B consiste en un seul morceau de 26 minutes et dont la face A possède 4 morceaux dont un de 19 minutes – possède ses bons moments mais s’égare un peu trop dans le versant planant du groupe. Le morceau “The Coming Of Prince Kajuju” se permet même de citer allègrement “Overture” des Who pendant pas loin de 3 minutes. Un live destiné au marché japonais sorti en 72 existe également (étrangement il se trouve assez facilement en brocante ou chez les disquaires d’occasion), on y trouve les meilleurs morceaux des premiers albums.

Devant l’insuccès du groupe, l’excellent guitariste Mick Bolton quitta le groupe en 1972, pour être remplacé momentanément par Larry Wallis qu’on connait pour son implication avec les Pink Fairies et Motorhead (on se demande ce que cet assemblage électrique aurait pu donner sur disque), puis par le virtuose Michael Schenker. Glam dans un premier temps, le groupe tourna hard-rock pour le reste de sa carrière et se saborda au moment où le succès lui tendait enfin les bras, alors que son album live Strangers in the Night grimpait dans les charts anglais. Quelques albums agréables sont à sauver de cette longue carrière, mais aucun ne contient la fraîcheur et la magie de ce premier essai space-rock.

 

 

Tracklisting : 

1. Unidentified Flying Object
2. Boogie For George *
3. C’mon Everybody
4. Shake It About
5. (Come Away) Melinda
6. Timothy *
7. Follow You Home *
8. Treacle People
9. Who Do You Love
10. Evil *

 

Vidéos : 

“Boogie For George”

 
“Timothy”

 

 

Vinyle :

UFO - UFO 1

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3 Commentaires
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Aeronth
Invité
Aeronth
13 juin 2010 1 h 25 min

Mon premier commentaire sur PlanetGong, quelle émotion !

J’ai beaucoup d’estime pour votre blog, très fourni et critique. J’y ai fait d’inoubliables découvertes en blues, garage, psychédélique, etc…

Mais dès qu’on parle de hard rock…

Scorpions ressemblait beaucoup à UFO dans les 70s et n’a jamais fait quoi que ce soit de FM. Peut-être faudrait-il connaître le groupe avant de faire des comparaisons déplacées ?

Je salue néanmoins l’initiative de parler d’UFO, dont la période Schenker n’est effectivement pas la seule qui soit intéressante.

Salutations.

Aeronth
Invité
Aeronth
13 juin 2010 0 h 20 min

Je vais m’attader – inutilement peut-être – sur ce terme, mais je ne pense pas qu’on puisse parler de rock ou hard FM pour Scorpions. Le groupe a été plus “mélodique”, sûrement plus calibré radio
/ US, et a composé beaucoup (trop ?) de ballades ; on pourrait s’avancer et parler de “facile” ou de “commercial” ; mais à mon avis pas de “FM” comme pouvaient l’être Europe ou Bon Jovi, qui sont
encore dans un genre à part. Scorpions n’ayant jamais été jusque dans les claviers dégoulinant de partout, ni dans les guitares disparaissant dans le mix.

 

Ceci étant dit, je précise que je n’apprécie que très modérément le Scorpions qui a suivi le départ d’Uli Jon Roth. Il ne s’agissait donc pas de défendre qui que ce soit, mais de rendre justice à
un groupe dont le succès fait qu’il se fait traiter de tous les noms d’oiseaux imaginables.

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