(Tricatel 2003)
Pendant quelques années le meilleur groupe français fut un groupe fantôme, apparaissant épisodiquement pour accompagner Bertrand Burgalat et Michel Houellebecq. A ces apparitions sporadiques s’ajoutait un nom mystérieux, impénétrable : A.S. Dragon.
Le premier disque officiel où le disque apparut en couverture fut l’album live Burgalat Meets A.S.Dragon. On y découvrit un groupe surdoué, possédant une base rythmique swingante, des guitaristes de haut niveau et un synthé imaginatif. En pleine explosion White Stripes/Strokes, on avait notre groupe à nous. La sortie de ce premier album un an plus tard confirma qu’on ne s’était pas trompé.
Premier choc, Natasha, chanteuse androgyne à la beauté venimeuse. Recrutée sur casting par un groupe en manque de frontman, elle s’impose ici comme une évidence. Sa classe naturelle scintille d’un bout à l’autre de l’album. Le groupe, orphelin de Peter Van Poole qui a quitté le navire juste avant l’album, et bientôt de Stéphane Salvi, auteur de plusieurs morceaux ici, a gagné au change une chanteuse au charisme diabolique.
Les deux premiers morceaux sont énormes. “Dog Love Dog” ouvre l’album pied au plancher et se fond avec “Dirty” d’une transition effarante de facilité et de talent. Grosse classe rock’n’roll. La troisième piste révèle un premier morceau pop, “Mais pas chez moi”, qui ouvre les radios à A.S. Dragon et annonce la direction qui sera prise dans le deuxième album. Un ballade pop magnifique. Après ce début d’album idéal, le groupe révèle ses influences garage sixties dans les excellents “Your Fame” et “Spank On Me” ainsi que la reprise “Dedicated To The Press”. Seul bémol, l’accent français de Natasha a tendance à écorcher les oreilles de l’anglophile. Conscient de cette lacune, le groupe corrigera ça pour le second album, en écrivant majoritairement en français. A l’inverse, dans Spanked, l’accent a été mis sur l’énergie, car A.S. Dragon est un groupe sacrément rock’n’roll, et l’album n’en est que meilleur.
En fin d’album, le groupe se permet quelques envolées floydiennes avec le morceau de bravoure que représente “Hémisphère Dans Une Chevelure” dans lequel Natasha lit le poème de Baudelaire du même nom sur une musique électronique planante proche d’Air. Loin d’être parfait (il y a quand même un peu de remplissage ici), cet album a eu le mérite de montrer à tout le monde que faire du rock en France était possible. De quoi inciter un peu plus tous les Naast et Parisians de France à monter sur scène… En 2003 A.S. Dragon ont ouvert pour les Stooges au Bol d’Or. Ils n’ont pas été ridicules, loin de là. Retour du rock en France, 1er acte.
Tracklisting :
- Dog love dog *
- Dirty *
- Mais pas chez moi
- Your fame
- Sorcière
- Are we talking enough ?
- Drowning
- Spank on me
- Un hémisphère dans une chevelure
- Dedicated to the press
- Nighttime
- One two three four boys
Vidéos :
“Dirty”