(Parlophone 2004)
Ce double DVD célèbre, comme son nom l’indique, les dix premières années d’un des groupes séminaux de la Britpop et représente une intarissable source de bonheur dans laquelle on aime se replonger de temps à autre. Tout au long de ce voyage dans l’univers coloré et délirant de Supergrass, on découvre une bande de doux-dingues surdoués du manche, à l’imagination fertile, qui chantent des chansons extraordinaires sans avoir l’air d’y toucher.
Le premier DVD est un documentaire qui présente l’évolution de Supergrass de leurs débuts à 2004 et fourmille d’anecdotes plus drôles les unes que les autres. Quand on ne voit pas le groupe jouer sur scène ou à la télévision, la bande-son est essentiellement composée de faces-B de chansons, souvent excellentes, ce qui démontre la profondeur du répertoire du groupe.
Le deuxième DVD propose les vidéos de tous les singles du groupe entre 1994 et 2004, ce qui implique qu’aucun morceau de l’introspectif Road To Rouen n’y figure. On y retrouve avec bonheur le groupe bondissant de l’époque I Should Coco et les clips cultissimes de “Alright” et “Mansize Rooster”. Le morceau punk façon Buzzcocks “Caught By The Fuzz” est ici présenté en version acoustique et électrique.
Les clips de In It For The Money possèdent un ton plus grave, à l’image de “Late In The Day” et “Richard III” où Gaz n’a pas l’air rigoler. Sur celui “Goin’ Out”, le groupe joue dans un square public en plein hiver et déborde de charisme, écharpes et cheveux au vent. Très vite, Supergrass retrouvent de leur folie avec les clips déjantés de “Sun Hits The Sky” où on voit le claviériste Rob Coombes rouler dans un étrange véhicule à trois roues en plein désert américain – c’est plus fort qu’eux, il faut qu’il y ait des conneries énormes dans leurs clips. Ainsi, dans “We Still Need More” (un single hors-album), on voit les trois musiciens percuter une pyramide de téléviseurs à bord d’une voiture aux allures de batmobile. Plus loin, dans “Pumping Up Your Stereo”, les têtes des musiciens sont collées à des corps de muppets – on va très loin dans le délire – tandis que dans “Mary” le groupe joue en sous-sol une musique qui emplit l’immeuble de son aura malfaisante au point qu’une maîtresse de maison se met à cracher du sang sur ses hôtes (bien évidemment ce clip a été censuré dans plusieurs pays). On peut aussi évoquer “Grace” où Gaz se mue en Elvis à mi-chanson ou du clip vraiment malsain de “Rush Hour Soul” où le chanteur, déguisé en clochard, alpague les gens avec véhémence à Piccadilly Circus, de “Kiss Of Life” où les musiciens lévitent dans une forêt…
Chaque clip de Supergrass mérite d’être vu car il s’y passe toujours quelque chose de surprenant. La musique, quant à elle, est proprement exceptionnelle.
Vidéo :
“We Still Need More”