(Wick 2016)
L’histoire est si belle qu’elle tient du conte de fées : un groupe qui vivote depuis 10 ans est repéré par le meilleur label soul du monde pour devenir le fer de lance de son nouveau label rock. C’est tellement cousu de fil blanc qu’on n’en voudrait pas pour un téléfilm de 15h30 sur M6, mais ce scénario est pourtant authentique.
The Mystery Lights sont originaires de Salinas, en Californie, si près de San Francisco que c’en est comique, car le groupe a commencé à percer sur la scène locale en 2007, donnant quelques concerts avec Thee Oh Sees et Traditional Fools, mais a trouvé le moyen, malgré son talent évident, de passer au travers des mailles du filet de Castle Face et des multiples compilations locales qui auraient pu le faire décoller.
Aujourd’hui basé à New York après des années d’errance, plusieurs changements de personnel et un album sorti en catimini en 2009 (Teenage Catgirls & the Mystery Lightshow, uniquement en CD), The Mystery Lights se sont stabilisés depuis 2 ans autour d’un line-up solide. Petit à petit, de par ses prestations scéniques énergiques, le groupe a fait parler de lui au point de taper dans l’œil des patrons de Daptone, réputé label soul (on leur doit Sharon Jones et Charles Bradley notamment) qui cherchait alors à se diversifier.
Ainsi est née la succirsale Wick Records avec le premier 45 tours des Mystery Lights, censé être un ballon d’essai pour voir s’il était envisageable de travailler sur la durée avec un groupe aussi instable. Plus qu’une réussite, “Too Many Girls” est un tube. Le genre de morceau psyché-soul que les Allah-Las essaient de faire depuis toujours, sans parvenir à atteindre le degré de sophistication des Mystery Lights.
Ce morceau, comme sa fantastique face B sont disponibles sur ce nouvel album qu’il faut véritablement considérer comme le premier album du groupe, le précédent ne pouvant qu’être considéré que comme une collection de démos. Il n’y a qu’à écouter la version de 2009 de “21 And Counting” et l’actuelle pour s’en rendre compte. Dans les intentions comme dans la production démente, on a véritablement affaire à un autre groupe.
C’est d’ailleurs ce qui frappe le plus dans cet album : le son. Dans les locaux de Daptone, on trouve un studio old school empli de machines anciennes. Autant dire que vous trouverez peu d’album garage qui sonneront aussi bien que celui-ci dans les mois à venir. Certes les Mystery Lights n’ont rien d’original pour le routier du garage 60s habitué du Cosmic Trip, mais tout amateur de fuzz racée ne peut que se délecter la variété de celles enregistrées sur cet album. Un régal.
Côté influences, le groupe se situe plutôt du côté Seeds du spectre garage. “What Happens When You Turn The Devil Down” et “21 And Counting” pourraient presque passer pour des originaux du groupe de Sky Saxon. Des titres psychédéliques tels que “Follow Me Home” et “Melt” les rapprochent aussi de contemporains tels que Night Beats, mais les Mystery Lights possèdent quelque chose que la concurrence n’a pas : un chanteur à la voix soul. Mike Brandon, figure de proue et compositeur principal du groupe, excelle sur ce disque avec son timbre et ses intonations qui évoquent Steve Winwood. L’attente fut longue, mais la patience des Mystery Lights a payé : ils sont aujourd’hui le groupe garage le plus classieux de la planète.
Tracklisting
- Intro
- Follow Me Home *
- Flowers In My Hair, Demons In My Head
- Too Many Girls *
- Without Me
- Melt
- Candlelight
- 21 & Counting *
- Too Tough To Bear
- Before My Own
- What Happens When You Turn The Devil Down
Vidéo
“Follow Me Home”
“Melt”
“What Happens When You Turn The Devil Down ?” (live)