BLOC PARTY. THE RAKES. Live

Révélation/Déception (14 Mai 2005 - Le Transbordeur, Lyon)

Lyon, 14 Mai 2005. La foule est venue nombreuse au Transbordeur pour acclamer les nouveaux chouchous de la presse branchée : Bloc Party. Notre but en allant à ce concert tranche avec celui de la majorité des djeun’s ici présent – bonne nouvelle, le rock redevient une musique de jeunes, les vieux qui ont tout vu, tout entendu ne sont plus majoritaires – car si le combo art-rock londonien tient le haut de l’affiche, on est beaucoup plus excité par celui dont le nom est écrit en petit sur ce même rectangle de papier : The Rakes. Ces derniers ont publié 3 singles magistraux “22 Grand Job”, “Strasbourg” et “Retreat”, trois morceaux suffisant à générer une vague d’enthousiasme pour aller les voir.

La première partie sera à la hauteur – et même au delà – de nos espérances. Remportant l’adhésion du public grâce à leurs morceaux amphétaminés, les Rakes ont livré une demi-heure de pur rock’n’roll. Le chanteur Alan Donohue possède un charisme sombre et un jeu de scène (genre pantin désarticulé) à la Ian Curtis. Jarvis Cocker a certainement beaucoup influencé aussi ce pur produit du système d’éducation britannique dont la classe naturelle rattrape l’aspect fashion-victim de ses compagnons (le polo rayé rugby et le pull jacquard sont à la mode ces jours-ci). Le guitariste-binoclard, aussi moche que doué, envoie des riffs lourd qui font de ce groupe une sorte de Franz Ferdinand plus musclé. On adhère.
 

Changement d’ambiance quand arrive Bloc Party – le groupe le plus surestimé ces jours-ci. Dès la première note, la totalité de la salle se met à bouger comme un seul homme. Les vingt premiers rangs se muent en un pogo gigantesque et le public hurle les paroles de “Like Eating Glass”. A vrai dire on est surpris car ce morceau honnète déménage moins que ce que nous ont produit les Rakes quelques minutes auparavant. Le public est heureux d’entendre le disque qu’il connaît bien. Réflexe pavlovien. Durant l’intégralité du set les spectateurs seront en transe. 

Le concert est pourtant décevant. On espérait que Bloc Party arriverait à transfigurer les chansons de son très moyen premier album sur scène, il n’en est rien. L’interprétation ultra-affectée d’un Kele Okereke conscient de son nouveau statut de rock-star rend la soupe encore plus indigeste. Après avoir soigneusement craché sur Oasis – ça intéresse quelqu’un? – entre les morceaux, il touche le fond quand il fait chanter “Happy Birthday” par l’audience pour une demoiselle du premier rang. Et toute la foule d’y aller gaiement “Haaaaaappy Biiiirthday…”

Les réactions d’un public acquis d’avance n’arrivent pas à nous faire oublier la faiblesse de beaucoup de morceaux et l’ennui profond qu’on ressent en les écoutant. Quelques uns toutefois valent le coup d’oreille – toujours les mêmes. “Helicopter”, “Banquet” et “She’s Hearing Voices” sont des bonnes chansons, oasis perdues dans un désert artistique d’une heure et demie. Comme prévu, les Rakes valaient le déplacement et Bloc Party a déçu. Ils peuvent pourtant faire tellement mieux!

(photos : Andrew Kendall)
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