(Sub Pop 2007)
The Shins sont un groupe singulier dans la scène indépendante américaine actuelle. Ces musiciens sans âge au look de nerds ont crée en quelques années un univers pop sucré et précieux, coloré et apaisant. Après deux albums qui ont battu les records de vente de leur label (Subpop, qui fut pourtant le label grunge de référence au plus fort de la vague de Seattle), le groupe est aujourd’hui à un tournant dans sa carrière.
Rendus populaires grâce à l’utilisation de “New Slang” dans une publicité pour McDonald’s outre-atlantique, les Shins ont du jour au lendemain quitté l’obscurité du milieu indé et sont devenus un des groupes les plus hype du moment. La scène du film Garden State où Nathalie Portman invite Zach Braff à écouter cette même chanson en lui disant qu’elle va lui changer la vie en est l’illustration parfaite.
Wincing The Night Away était attendu comme le prochain chef d’oeuvre pop. Celui qui hisserait le groupe au niveau d’estime et de popularité d’artistes tels que The Flaming Lips ou Wilco. On attendait des Shins qu’ils nous pondent un album parfait, un Odessey & Oracle du 21ème siècle, ils en ont le potentiel. Evidemment, nos attentes étaient trop hautes, Wincing The Night Away n’est pas cet album fantasmé. On peut même ajouter que c’est l’album le moins intéressant du groupe à ce jour.
Les mélodies sont toujours là, leur beauté n’éclatant à la face de l’auditeur qu’après plusieurs écoutes pour se révéler magnifiques… mais quelque chose cloche. Le son de batterie d’abord : les Shins ont décidé de remonter le temps et de s’arrêter sur la mauvaise décennie en s’offrant un son empli d’écho estampillé eighties sur quelques pistes. Plutôt perturbant, franchement insupportable sur des morceaux comme “Turn On Me” ou “Split Needles”. Heureusement, James Mercer, l’homme à la voix haut perchée, a gardé son incroyable capacité à écrire des mélodies superbes, qui semblent couler de source. Certains morceaux ici sont grandioses, comme la berceuse “Red Rabbits”, la pop new wave de “Australia” ou l’ouverture “Sleeping Lessons”, qui commence de façon éthérée avant de muer en folk-rock.
En fait, Wincing The Night Away contient autant de bons morceaux que Oh Inverted World et Chutes Too Narrow, les deux albums précédents du groupe. La seule différence – et elle est de taille – demeure que cet album no possède aucune chanson proprement bouleversante. “New Slang”, “St Simon”, ces morceaux intemporels, qui tapent directement dans les tripes, avaient placé les Shins dans la cour des grands et dans notre coeur. Le génie de ces morceaux comblait les failles de leur album de provenance. Ici, rien ne vient sauver Wincing The Night Away. On a eu beau chercher, écoute après écoute, le morceau parfait n’est pas venu. On a l’impression d’avoir été trahi. Wincing The Night Away n’est qu’un excellent album de pop indé américaine, qu’on recommande chaudement, mais qui ne devrait changer la vie de personne.
Tracklisting :
- Sleeping Lessons *
- Australia *
- Pam Berry
- Phantom Limb
- Sea Legs
- Red Rabbits *
- Turn On Me
- Black Wave
- Split Needles
- Girl Sailor
- Comet Appears
Vidéos :
“Australia”