(Transgressive 2006)
The Young Knives sont trois anglais au physique d’agents comptable, venus d’un endroit au nom improbable – Ashby De La Zouch – qui produisent un art-rock torturé et excentrique.
Deux frères au charisme particulier – le chanteur/guitariste Henry Dartnell, son frère bassiste aux lunettes d’écaille surnommé The House Of Lords (car il dit toujours non) – et un batteur placide forment ce trio unique en son genre. Des Rakes petits et dodus qui affectionneraient les sons discordants et les lignes mélodiques alambiquées, menés par un chanteur en constant surrégime.
Voices Of Animals And Men, dont la pochette anglophile évoque celle de Unhalfbricking de Fairport Convention (groupe folk anglais des années soixante), est peuplé de chansons pop de 3 minutes aux refrains accrocheurs et aux paroles qui frappent par leur immédiateté. “Weekend & Bleak Days”, qui rappelle énormément “True Confessions” des Undertones, possède le refrain de l’été 2006 avec son “Hot summer! What a bummer!” jouissif qui détonne dans le potage indigeste des “tubes de l’été” héliocentristes. “Part Timer”, “Mystic Energy” (au son proche des Strokes du début), l’extraordinaire “Here Comes The Rumour Mill” au refrain punk et au solo de guitare serpentant, et surtout la pépite “She’s Attracted To” font de cet album une acquisition indispensable. Ce dernier morceau possède des textes brillants qui réflètent avec morgue le malaise adolescent : “Who are these people? They are too stupid to be your real parents!”. Le second degré des Young Knives fait toujours mouche dans ces morceaux pop arty qu’on sent emplis d’une violence réfrénée.
Tout n’est pas parfait ici malheureusement. Le gros problème Voices Of Animals And Men demeure le fait qu’en dehors de ces perles punk la plupart des chansons sont lentes – ce qui n’est pas un mal en soi – cassent le rythme de l’album en étant intercalées entre les morceaux plus rapides. L’album constitue ainsi une succession d’accélérations et de ralentissement digne des montagnes russes. Cela fonctionne sur les deux tiers de l’album, d’autant que “The Decision”, la scie “In The Pink” et la superbe ballade “Tailors” (qui possède un claquement de ciseau comme toute batterie) sont des excellents morceaux. Trop de bluettes finissent néanmoins par endormir le plus ardent des auditeurs quand les accélérations disparaissent. On peut sans exagérer affirmer que cet album long de 14 pistes en contient au moins 2 ou 3 de trop. L’inutile référence à Pavement “Half Timer”, le slow “Another Hollow Line”, “Coastguard” – et de manière générale les 5 dernières chansons – tirent l’album vers le bas. On peut presque parler de remplissage.
On préfère les Young Knives dans leurs morceaux les plus rythmés, où le fantasque frontman Henry Dartnell exploite le mieux son jeu de guitare tout en staccatos et en contre-mélodies, un style unique proche de celui de Matthew Swinnerton des Rakes. Le goût pour les sons dissonants, les mélodies tout en ruptures et les chœurs suraigus font des Young Knives un groupe au son unique. Leur style costard-cravate sobre et leur physique singulier (on est loin des sacs d’os en converse et jeans serrés) ajoute à leur charme. Un groupe qui sort des sentiers battus, enfin.
Tracklisting :
1. Part Timer
2. Decision
3. Weekends & Bleak Days (Hot Summer)
4. In the Pink
5. Mystic Energy
6. Here Comes the Rumour Mill
7. Tailors
8. Half Timer
9. She’s Attracted To
10. Dialing Darling
11. Another Hollow Line
12. Coastguard
13. Loughborough Suicide
14. Tremblings of Trails
Vidéos :
“She’s Attracted To”
s The Rumour Mill”
L’album vinyle est accompagné d’un single 7″ bonus.