(Virgin Records 2004)
Cet album est le deuxième du groupe créé par Aaron Fletcher et Paul Butler, résidents sur l’île de Wight. Pour les nuls en géographie, l’île de Wight (qui a accueilli à l’occasion d’extraordinaires festivals Dylan, les Who, Hendrix…) se situe au sud-est de Portsmouth (que les vraiment nuls en géographie cherchent sur une carte). Le premier album de ce duo (Sunshine Hit Me, 2002), enregistré dans l’atelier-studio qu’ils avaient eux-mêmes aménagé dans le jardin des parents de Paul, était un bon exemple de pop lo-fi intelligente (avec une reprise extraordinaire de la chanson “A Minha Menina” d’Os Mutantes).
Comme tous les groupes ayant réussi un bon premier album, les Bees vont disposer d’un “vrai” studio pour le très attendu deuxième opus. C’est dans les mythiques studio d’Abbey Road que Fletcher et Butler vont s’enfermer, emmenant avec eux le groupe qui les a accompagné sur scène depuis la sortie de Sunshine Hit Me: Kris Birkin (guitare), Michael Clevett (batterie), Tim Parkin (trompette) et Warren Hampshire (orgue Hammond). Afin de ne pas se laisser submerger par les énormes possibilités techniques du studio, les Bees décident de se poser des contraintes: l’enregistrement sera entièrement réalisé sur équipement analogique, sans jamais utiliser plus de 16 pistes par morceau.
Le groupe ressort de studio après trois semaines, avec en poche un disque d’une richesse extraordinaire. Le premier morceau, “These Are The Ghosts”, donne le ton: guitare, basse, batterie et orgue Hammond s’entremêlent sur une mélodie imparable, et un solo de trompette termine la chanson. Le second morceau, “Wash In The Rain”, premier single issu de l’album, est splendide et caractéristique de ce groupe: une ligne de basse solide (jouée par Fletcher) bien encadrée par la batterie, un riff de guitare immédiatement efficace, un orgue Hammond omniprésent. Ici, même les textes sont excellents, truffés de doubles sens doux-amers: “I try and I fail / Sometimes I even succeed“.
Free The Bees possède la même fraîcheur, la même urgence que Sunshine Hit Me, mais les chansons sont ici bien meilleures, les mélodies aussi variées qu’efficaces, et le groupe impeccable. Du reggae intelligent de “No Atmosphere” (au rythme changeant et à l’orgue Hammond – encore une fois – génial) à la ballade fataliste “Hourglass”, en passant par le morceau (de bravoure) instrumental “The Russian”, l’ensemble du disque dégage une impression de maîtrise technique indéniable, et les morceaux paraissent joués avec une facilité déconcertante.
Sur “Chicken Payback” (dont les premières mesures ont depuis été utilisées dans des spots publicitaires), chacun des membres du groupe semble vouloir se mettre sur le devant de la scène: le tout paraît incroyablement débridé, mais respecte néanmoins la structure du morceau de façon stricte. D’un style totalement différent, “Hourglass” est également une chanson splendide, où la musique lancinante accompagne un magnifique texte sur l’amour perdu: “I walked with you for hours / You gently held my hand / But our love’s an hourglass / So let love be the sand“.
La qualité de Free The Bees a confirmé la place unique que les Bees occupent dans la musique pop-rock britannique contemporaine: souhaitons que ce groupe inventif et virtuose apporte une suite à cet excellent album…
Tracklisting :
01. These Are The Ghosts
02. Wash In The Rain *
03. No Atmosphere
04. Horsemen *
05. Chicken Payback *
06. The Russian
07. I Love You
08. The Start
09. Hourglass
10. Go Karts *
11. One Glass Of Water *
12. This Is The Land
Vidéos :
“Wash In The Rain”
“Chicken Payback”
“Horsemen”
Vinyle :